OUEST-FRANCE – 04/05/2018 – Par Coline PAISTEL
Parti du Faouët (Morbihan) lundi, le « convoi mortuaire » des apiculteurs bretons est arrivé en Ille-et-Vilaine ce vendredi 4 mai. Ses membres ont été reçus à la Chambre régionale d’agriculture.
Ils ont roulé 160 km à travers la Bretagne pour arriver, vendredi matin, au pied de la Chambre régionale d’agriculture. Le « convoi mortuaire » des apiculteurs bretons était parti du Faouët (Morbihan), lundi, avec un corbillard de ruches vides. Symbole des 20 000 colonies d’abeilles mortes ces derniers mois dans la région.
« Une catastrophe écologique »
Sur le parvis de la Chambre d’agriculture, la centaine d’apiculteurs porte un espoir immense. « On a déjà fait des actions coup de poing mais elles se sont très vite essoufflées. Là, on sent que l’action va tenir dans le temps et sauver les exploitations. Les gens prennent enfin conscience de la catastrophe écologique », glisse José Nadan, secrétaire du syndicat des apiculteurs professionnels, et membre de la fédération française des apiculteurs.
De 70 ruches à 15…
Dans la foule, certains ont tout perdu ou presque. Comme Patrick Nevoux, apiculteur à la Chapelle-de-Brain (Ille-et-Vilaine) : « L’année dernière j’avais 70 ruches, je n’en ai plus que 15. »
À qui la faute ? Les institutions accusent le varroa, un parasite. « Il a un impact certain », reconnaît Patrick Nevoux. Mais les apiculteurs accusent surtout les pesticides contenant des néonicotinoïdes, utilisés par leurs collègues agriculteurs. « Si on pouvait faire des analyses des cadavres des abeilles, on verrait des polluants chimiques et ça donnerait des indications, lance Hervé Plichon, apiculteur à Renac (Ille-et-Vilaine). Mais ce n’est pas entrepris pour l’instant. On veut discuter du problème et mettre carte sur table ».
La solution, les apiculteurs la connaissent : « L’agriculture biologique. Quand les abeilles vont sur les champs bios, il n’y a pas de perte », assure Hervé Plichon.
« Vers une agriculture respectueuse »
Au milieu des apiculteurs, Joël Labbé, sénateur EELV du Morbihan. Un des fers de lance de l’interdiction des néonicotinoïdes. Aux exploitants, il promet « d’évaluer les pertes et reconstituer les cheptels avec un soutien financier ». Assurant aussi « d’agir pour une accélération de la transition vers une agriculture respectueuse ». Dans deux semaines, le sénateur posera une question au gouvernement sur le sujet. « Pour moi, c’est une démarche politique responsable. »
Vers 11 h 30, une délégation, incluant le sénateur, a été reçue par les membres de la Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt ainsi que la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement. L’entretien a duré plus de deux heures. « Ils nous ont promis d’agir pour obtenir des financements et sauver la filière », raconte José Nadan. Car c’est là l’urgence.
Dans les prochains jours les agriculteurs ayant subi des préjudices se sont accordés pour porter plainte. Cette marche n’aura donc pas été vaine. « Nous sommes impressionnés par l’accueil que nous avons reçu. Les élus sont prêts à faire circuler une motion de soutien. Ça a été une semaine d’échanges exceptionnels, conclut José Nadan. Le résultat, on le verra dans quelques mois. Mais ça a remis des sourires sur les visages et ça nous remonte le moral ! »