LE TÉLÉGRAMME – 04/07/2018 – Par Romain Roux
Les trois enfants de la famille Rahimov, menacée d’expulsion, ont participé, ce mercredi, à une cérémonie de parrainage civil organisée par les élus et les parents d’élèves.
Ce mercredi, la salle des mariages de la mairie de Rennes n’avait pas assez de sièges pour accueillir tout le monde. Les parents et les camarades de classe sont venus en nombre pour assister au parrainage civil des trois enfants de la famille Rahimov, menacée d’expulsion. Âgés de trois semaines, 10 et 12 ans, ils ont désormais chacun un parrain et une marraine, tous personnalités de la société civile ou élus.
« Dublinés »
Les Rahimov ont fui le régime dictatorial d’Azerbaïdjan en août dernier pour rejoindre la France. Ils se sont installés à Rennes où les deux filles aînées, Elmira et Aïcha, sont désormais scolarisées. Le petit Youssef est né mi-juin. A l’aller, ils ont dû faire escale deux jours en Italie, n’ayant pas trouvé de vols directs pour Paris. L’État français veut désormais les renvoyer vers la péninsule, dans le cadre de la procédure de Dublin qui oblige les migrants à déposer leur demande d’asile dans le pays européen où ils ont d’abord mis le pied.
Sauf qu’en un an, les Rahimov ont su s’intégrer à Rennes, témoignent les nombreux parents d’élèves présents. La cérémonie de parrainage civil de ce mercredi, purement symbolique puisque les enfants n’ont pas la nationalité, était là pour en apporter la preuve. Joël Labbé, sénateur EELV du Morbihan, ou encore Gaëlle Rougier, élue écologiste de la ville de Rennes, ont accepté d’être parrains et marraine, à la demande des parents d’élèves.
« Ils ont tout fait pour s’intégrer »
« Nous sommes devenus amis avec Saïda et Téa, le père et la mère », raconte Cécile, émue. « Vendredi dernier, lors de la fête de l’école, Saïda a même dansé sur scène avec ses copines. » Audrey renchérit : « Ils ont tout fait pour s’intégrer. Même quand ils étaient dans la rue, ils tenaient à participer aux cours de français.
Il n’y a pas si longtemps, la France aurait été honorée d’accueillir des opposants à une dictature. »
La cérémonie a commencé par un discours de Tristan Lahais, adjoint au maire qui s’exprimait au nom de la ville. « Les enfants ont le droit à une enfance heureuse et de choisir leur vie, déclare-t-il, cette cérémonie est là pour leur garantir cette liberté ». Joël Labbé tient aussi à dire quelques mots, interrompus à plusieurs reprises par son émotion. Il cite Jacques Brel : « Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns. »
Samedi à la gendarmerie
Le discours de Gaëlle Rougier prend une tournure plus politique. « La règle de Dublin est absurde et l’accord en carton-pâte de fin juin ne change rien », tance-t-elle, en référence au texte signé par les 27 membres de l’UE. « L’absence de solidarité conduit aux drames et à la mise en danger des personnes à qui nous devons le secours et l’asile. La politique de la France nous déshonore. »
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Samedi, les Rahimov sont convoqués à la gendarmerie, « pour faire le point sur leur situation administrative », ont-ils simplement su. D’après leur avocate, les Rahimov pourraient se voir signifier la prolongation de leur assignation à résidence. Ou bien se voir proposer un plan de vol vers l’Italie, comme cela a déjà été envisagé lorsque Saïda était enceinte. Ils auraient alors une semaine pour partir.