Les collectifs Solidarité Logement du Pays de Vannes, qui regroupe une douzaine d’associations intervenant dans le logement et l’accompagnement des personnes en difficulté, et Solidarité Logement Pays de Lorient, qui regroupe 5 associations, ont conviés les sénateur(trice)s morbihannais(es) à une rencontre portant sur le logement d’urgence, le logement d’insertion, et les Maison relais et résidences d’accueil.
Présent à cette réunion aux côtés de son collègue Michel Le Scouarnec, Sénateur communiste du Morbihan, Joël Labbé a entendu les difficultés des associations face aux manques de moyens alloués au logement et à l’accompagnement des personnes en difficultés dans le département. En leur qualité de Sénateurs, ils se sont engagés à relayer ces insuffisances en termes de financement, pour que toute personne en difficulté puisse dans notre département disposer d’un toit.
La réunion a été suivie d’une visite aux locataires de la résidence d’accueil du Grad’or à Vannes, structure très intéressante pour des publics très fragilisés et qui constitue une alternative moins coûteuse et plus adaptée que l’hôpital, mais dont le nombre de places est insuffisant face à la demande.
Une synthèse réalisée par Solidarité Logement Pays de Vannes (ci-dessous) dresse le constat des lacunes actuelles du dispositif de logement pour les personnes en difficulté en Pays de Vannes.
Synthèse réalisée par Solidarité Logement Pays de Vannes
Le financement des logements pour les personnes en difficulté est à revoir.
Des logements d’Urgence insuffisants en nombre et non adaptés à une vie normale de citoyen
Est-ce normal d’avoir des logements d’urgence à l’hôtel qui coûtent chers à l’Etat ? Est-ce normal d’avoir des logements d’urgence seulement pour la nuit et de séparer les couples et les enfants ? Les animaux ne sont-ils pas mieux traités ?
Naguère, Christine Boutin, puis Benoit Apparu avaient utilisé une formule « l’ humanisation des conditions d’hébergement ». Christine Boutin avait même parlé de « cellule individuelle » pour la nuit. La formule peut prêter à confusion, mais l’idée est bonne. Il faut que chaque personne hébergée puisse disposer d’une protection de son intimité.
D’autre part le nombre de places de CADA doit augmenter, tant que la chasse aux passeurs, véritables trafiquants d’esclaves, ne sera pas véritablement organisée.
Des Logements d’Insertion (PLAI) non accessibles aux plus démunis.
Pourquoi les logements neufs d’insertion(PLAI) ne sont pas accessibles aux personnes à très faibles revenus ?
Les subventions d’Etat (l’aide à la pierre) se sont effondrées, le prix des terrains et de la construction ont augmenté, ce qui entraîne des coûts supplémentaires pour les OPAC, obligées de répercuter ces charges sur les loyers. Le prix des loyers est trop élevé pour des personnes au RSA par exemple. Le RSA a diminué par rapport au SMIC.
Autre point à ajouter, une concurrence entre les bailleurs publics qui font monter le prix du foncier. Cette concurrence entre le bailleur départemental et les bailleurs communaux qui ont vu leur territoire s’étendre sur le département. Cette situation n’est pas une bonne chose pour les futurs locataires qui ont de faibles ressources.
Le budget de l’Etat pour l’aide à la pierre est élevé. N’est-il pas possible d’en réorienter une partie vers les PLAI, en logements individuels ou collectifs avec les maisons-relais ou résidence d’accueil ? N’est-il pas possible d’agir sur le prix des terrains ? ou à défaut sur le niveau des plus-values des terrains pour réduire le coût des logements HLM pour les plus défavorisés ?
Ces personnes en difficulté se trouvent orientées vers des HLM anciens, mal isolés au bruit qui les rend inconfortables entre voisins et au froid, coûteux en dépenses de chauffage, sans mixité sociale. Le prix de l’électricité et du gaz et même de l’eau sont trop élevés pour de faibles consommations
Ces personnes ont besoin d’un accompagnement de 6 mois à 2 ans pour retrouver une vie normale. Or les aides sont actuellement insuffisantes pour éviter l’isolement, les rechutes. Le coût pour la collectivité est plus élevé s’il y a beaucoup d’échecs de réinsertion. Il faut savoir que pour l’ensemble de la Bretagne les crédits consacrés à l’AVDL (Accompagnement Vers et Dans le Logement) ont été fixés à 360 000 € pour 2012, ce qui ne correspond même pas au coût de 10 travailleurs sociaux.
Dont 1 ETP pour le Morbihan partagé entre La Sauvegarde et l’Amisep.
Par ailleurs il y a une inquiétude sur les aides de l’Europe pour le financement des Banques Alimentaires, Restos du Cœur, indispensable pour l’accompagnement de ces personnes et de beaucoup d’autres.
Il s’agit là d’une véritable imposture : lorsque le gouvernement a lancé l’idée du « logement d’abord », il a mis immédiatement en application une diminution des crédits consacrés à l’hébergement, mais sans augmenter les crédits pour les logements sociaux (au contraire même pour la Bretagne), et sans prévoir de dispositifs efficaces pour l’accompagnement social.
Un nombre insuffisant de Maisons-relais et de Résidence d’accueil.
Le coût de construction pose les mêmes difficultés que pour les logements individuels en PLAI. Les subventions d’Etat ont beaucoup diminué.
Le coût de fonctionnement des maisons-relais et résidences d’accueil est pris en charge par l’Etat (16 à 17€ par jour). Les restrictions budgétaires pour le fonctionnement exigent des reports anormaux d’années en années pour répondre à la demande. Ce coût est plus élevé pour l’Etat puisque ces personnes sont plus souvent à l’hôpital. Ce coût est plus élevé pour les conseils généraux parce que des personnes de moins de 60 ans vont parfois dans des foyers logements non adaptés pour elles.
L’enquête sur Vannes a montré un nombre important des personnes qui ne peuvent pas vivre seules dans leur logement pour des questions de faiblesse mentale, d’addiction à l’alcool et ou à la drogue. Certaines peuvent être autonomes pour l’alimentation et le logement mais non pour les soins journaliers ou les problèmes psychologique de l’isolement. D’autres ont une autonomie insuffisante et nécessitent une restauration collective et un suivi des soins. Lors du démarrage de la résidence d’accueil du Gras d’or en 2011 pour 15 places il y avait 25 candidatures urgentes. Ces 10 personnes et les autres qui attendent ont plus de rechutes pour des journées à l’hôpital et posent des problèmes à la famille ou au voisinage.
Sans attendre la mise en œuvre de la nouvelle politique du logement et de l’hébergement, il est urgent de prévoir un budget rectificatif pour 2012, afin de parer au plus pressé : hébergement d’urgence, accueil des étrangers et logements très sociaux accessibles à tous.