Avis de Joël Labbé, Sénateur du Morbihan
J’ai pris connaissance du dossier de création de deux poulaillers industriels de 2200 m2 chacun pour une capacité de 120.000 poulets de chair sur la commune de Langoëlan.
J’ai pris note des réserves importantes émises par la Mission Régionale d’Autorité Environnementale, tant sur la prise en compte de l’environnement dans le projet, que sur la qualité de l’évaluation environnementale. La Mission conclut son avis en recommandant « la production d’un bilan carbone permettant d’apprécier l’effet global du projet pour l’enjeu du changement climatique et de vérifier la suffisance des mesures envisagées ».
Ce projet s’inscrit dans un modèle d’industrialisation des productions agricoles et alimentaires qui va à l’encontre de la nécessaire transition vers l’agroécologie et de la relocalisation de l’alimentation :
- Comment justifier d’un bilan carbone acceptable lorsque l’essentiel de l’alimentation des volailles est importée d’Amérique du sud, au détriment de l’agriculture vivrière sud-américaine, de la forêt primaire amazonienne et des peuples premiers qui y vivent, et dont la viande est destinée à l’exportation vers le Moyen-Orient ?
- Comment justifier la poursuite de ce type d’élevage industriel concentrationnaire au moment où nos populations s’insurgent contre les atteintes au bien-être animal et aspirent à une alimentation de proximité et de qualité ?
- Comment continuer à soutenir financièrement ce modèle qui vient concurrencer les productions artisanales qui, elles, s’inscrivent dans une logique de territoire, d’emplois pérennes, de valeur ajoutée et de respect de l’environnement, de la qualité de l’air, de l’eau et du sol ?
Notre responsabilité politique est en jeu sur ce type de dossier : on ne peut plus faire de grands discours sur le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité, et laisser faire cette fuite en avant (pire encore, de la soutenir !).
La Bretagne continue de subir ces excès de concentration d’élevages et en paie aujourd’hui le prix fort, notamment par la prolifération d’algues vertes.
Au vu de toutes ces considérations, je tiens, en ma qualité de sénateur du Morbihan, à porter un avis très défavorable sur ce projet industriel qui va à l’encontre de toutes les préconisations visant à l’atténuation du dérèglement climatique, à la reconquête de la biodiversité et à la réhabilitation des équilibres environnementaux.
Communiqué / Joël Labbé