Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire d’État,
Madame, Monsieur les Rapporteurs,
Mes chers collègues,
Le projet de loi qui nous est soumis aujourd’hui regroupe, sans véritable cohérence, un ensemble de mesures disparates, d’importance très inégale. On parle souvent de projets de loi « fourre-tout » : en voici un bel exemple !
Se préoccuper des droits des consommateurs est pourtant fort louable. Ce texte, modifié, comporte d’ailleurs un certain nombre d’avancées au bénéfice de nos concitoyens, terme bien plus noble que celui de consommateurs, aujourd’hui entré dans le langage courant mais qui réduit l’être humain à sa fonction économique dans une société de consommation, voire de surconsommation.
N’oublions pas que, selon l’INSEE, plus de 8 millions de personnes dans notre pays, soit 13 % de la population, vivent à la limite ou en dessous du seuil de pauvreté.
À l’avenir, un texte visant à la mise en œuvre d’un nouveau projet de société devra restaurer les droits fondamentaux des citoyennes et des citoyens : droit au logement opposable effectif, droit au travail, droit à la protection sociale, droit à un niveau de vie suffisant, droit à l’éducation, droit à la santé, droit à la culture, droit humain fondamental de vivre dans la dignité, dont sont aujourd’hui privés certains de nos compatriotes. Dans cette perspective, il faudra revenir sur l’accord général sur le commerce des services.
Pour l’heure, j’aborderai deux aspects du présent projet de loi qui me paraissent essentiels : le dispositif d’encadrement des loyers, d’une part, la lutte nécessaire contre le gaspillage et l’obsolescence programmée des biens de consommation, d’autre part.
La situation actuelle du logement en France est particulièrement grave. En effet, 3,6 millions de ménages sont mal logés ou sans logis, 600 000 enfants étant concernés par ce problème. Ces chiffres sont édifiants ! Le logement, qui doit être un lieu de réconfort, est devenu un facteur de précarisation majeur.
Dans le même temps, nous sommes confrontés à une pénurie de logements, surtout dans les zones dites tendues, ainsi qu’à un coût élevé du logement, problème aggravé par la persistance de la spéculation immobilière. Les loyers, qui ont atteint un sommet historique, doivent être encadrés ; ils ne sauraient augmenter indéfiniment.
Un travail important d’amendement a été réalisé, en commission, sur cette question centrale, dans un esprit que je tiens à saluer. Déterminer des loyers de référence différents selon les secteurs pour les premières locations et les relocations est une bonne chose, mais, quand la situation le réclame, il faut se donner les moyens de faire baisser la pression sur le marché et, pour cela, intervenir sur les niveaux de loyers.
L’intervention publique pourra conduire à une baisse des loyers allant jusqu’à 20 % : c’est l’objet de l’article 2 bis AA du projet de loi. J’aurai l’occasion de revenir, dans la suite de la discussion, sur ce dispositif, ainsi que sur le rééquilibrage des rapports entre bailleur et locataire.
Un autre enjeu essentiel en vue d’un changement de modèle de consommation est la lutte contre l’obsolescence programmée, afin de consommer moins et mieux des biens plus durables.
L’obsolescence programmée est une véritable stratégie de raccourcissement de la durée de vie des produits, notamment électriques et électroniques, mise en œuvre dès la conception de ceux-ci. Dans la suite de nos débats, je détaillerai davantage cette démarche et je présenterai une mesure visant à la combattre. De fait, dans la plupart des cas, les appareils sont jugés obsolètes avant même d’être apportés chez le réparateur ou mis au rebut. Les fabricants conjuguent diverses techniques destinées à rendre les appareils irréparables. Notre proposition vise à faire passer le délai de garantie du constructeur de deux ans à cinq ans.
Notre société occidentale, dite de consommation, a fait son temps. Livrée à la loi du marché, elle a aujourd’hui atteint ses limites, en laissant de côté une fraction grandissante de la population, ce qui est tout à fait inadmissible. Le projet de loi que nous examinons aujourd’hui, s’il a le mérite d’exister, s’apparente à un rafistolage, alors qu’il conviendrait de mettre en œuvre une profonde réforme sociétale.
Je conclurai en évoquant une œuvre de Stéphane Hessel et d’Edgar Morin, Le Chemin de l’espérance : voilà un beau cadeau de Noël ! Dans cet ouvrage, ils osent en appeler à l’ouverture d’une voie politique de salut public. En matière de consommation, ils proposent de créer un office public de la consommation visant à promouvoir l’enseignement de la consommation citoyenne, à veiller à la qualité des produits et à contrôler les publicités.