Pesticides. Joël Labbé veut en interdire la vente

LE TÉLÉGRAMME / 20-06-2013 – Par Gabriel Simon

Joël Labbé veut faire interdire la vente des pesticides aux particuliers et leur utilisation par les collectivités. « Les lobbies ne me font pas peur », dit le sénateur-maire de Saint-Nolff.

Ce sera son combat de l’année. Joël Labbé prépare sa sulfateuse législative contre les pesticides. En octobre, il déposera sur le bureau du Sénat une proposition de loi visant à interdire leur vente aux particuliers et le traitement des espaces verts des communes et autres collectivités. Joël Labbé est vice-président de la mission sénatoriale d’information sur les pesticides et leur impact sur la santé « qui a fait le constat qu’il y a danger ». « Effets respiratoires, neurologiques, sur la peau, risques de cancers », précise-t-il.

Convaincu d’une majorité

Conscient qu’il lui faut des appuis, il multiplie les contacts avec les élus locaux et les associations de jardiniers. Il mise aussi sur un soutien populaire, via une consultation qu’il lance sur la plateforme web « Parlement et citoyen » que les parlementaires peuvent activer pour associer la population à leur travail. « Je vais avoir affaire aux lobbies des produits phytosanitaires mais ça ne me fait pas peur », dit-il. « Je suis convaincu que je vais trouver une majorité et que, si cette loi passe au Sénat, elle passera aussi à l’Assemblée nationale. On fait des rapports et on serait incapable de prendre des mesures ? ». Joël Labbé ne s’attaque, toutefois, qu’à la partie visible de l’iceberg. Le principal usage est agricole (à 90 %) et il sera traité dans la loi d’avenir de Stéphane Le Foll qui prévoira « un calendrier de sortie des pesticides via la mise en place d’une agroécologie », précise Joël Labbé.

Laisser pousser

Les particuliers, qui en utilisent 5.000 tonnes par an, auront cinq ans pour se préparer, puisque la vente ne serait interdite qu’en 2018. D’ici là, il faudra encourager les produits alternatifs ou les PNP (préparations naturelles peu préoccupantes) comme le purin d’ortie. « Là dessus on a des difficultés à cause du poids des lobbys. Je vais demander au gouvernement de mener une étude pour lever les freins », annonce Joël Labbé. Quant aux collectivités, si la loi est appliquée, elles devront apprendre à désherber autrement. Beaucoup ont déjà franchi le pas. « 5 % des communes sont à zéro pesticide et 10 % en utilisent pour leurs terrains de foot et leur cimetière », indique Joël Labbé. Outre les traitements à la machine, au chalumeau et à la binette, « sur certains espaces, dit Joël Labbé, il faudra laisser pousser et expliquer à la population ».

 

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