LE MONDE – 01/01/2019
L’achat, l’usage et le stockage de produits phytopharmaceutiques seront interdits aux particuliers et jardiniers amateurs. Ils pourront être récupérés pour retraitement.
Parmi les nombreux changements prévus au 1er janvier se trouve une mesure pour préserver l’environnement et la santé. L’achat, l’usage et le stockage de produits phytopharmaceutiques (pesticides de synthèse) seront interdits aux particuliers et jardiniers amateurs. Ces produits pourront être récupérés pour retraitement par les filières de recyclage spécialisées.
Cette mesure s’inscrit dans une démarche plus large de réduire progressivement l’usage des pesticides de synthèse en France. La mission d’information de l’Assemblée nationale sur les pesticides a recommandé, dans son rapport rendu public en avril, une meilleure prévention et information concernant les dangers occasionnés par les produits phytosanitaires.
« L’établissement d’un lien de causalité entre la survenue d’une pathologie et l’exposition aux produits phytopharmaceutiques est délicat », notait la mission parlementaire. Elle préconisait donc de « renforcer les dispositifs de surveillance écotoxicologique afin de disposer de données plus complètes et suivies des différents milieux, ainsi que des espèces à surveiller en priorité », car « plusieurs études récentes montrent, sans doute possible, les dégâts » occasionnés par une « large utilisation » des pesticides, évoquant la disparition d’une large part des insectes, oiseaux et autres pollinisateurs.
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Contrôle des pesticides présents dans l’air
Une campagne de mesure des résidus de pesticides dans l’air a par ailleurs été lancée fin juin par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). D’une durée d’un an, son objectif est de mieux connaître l’exposition de la population et de définir une stratégie de surveillance qui fait aujourd’hui défaut. Car si la présence de pesticides est contrôlée dans les aliments ou dans l’eau, elle n’est pas réglementée dans l’air.
« C’est un sujet majeur, commentait Mathilde Merlo, responsable de l’unité phytopharmacovigilance à l’Anses. C’est une campagne qui n’a pas d’équivalent au niveau européen. » Au total, près de 90 substances seront recherchées. Elles ont été sélectionnées en fonction de leur persistance dans l’air, de leur degré d’utilisation et de leur danger pour la santé. Les substances ciblées, précise l’Anses, n’entrent pas seulement dans la composition des produits dits phytopharmaceutiques, elles peuvent aussi être présentes dans certains biocides, des médicaments vétérinaires ou encore des antiparasitaires à usage humain.
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72 035 tonnes vendues
En novembre, l’Anses a d’ores et déjà pris la décision d’interdire la commercialisation des pesticides à base de méthasodium, un produit phytopharmaceutique pourtant encore autorisé par l’Union européenne jusqu’en 2022. L’agence avait également rappelé l’obligation pour les professionnels de déclarer tout effet indésirable lié à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques, selon l’article L. 253-8-1 du code rural et de la pêche maritime. Les produits phytopharmaceutiques sont notamment suspectés de provoquer des irritations des yeux, de la peau et des voies respiratoires.
Selon le gouvernement, la France est au deuxième rang européen de l’utilisation de substances actives de produits phytopharmaceutiques, avec 72 035 tonnes vendues, après l’Espagne (76 940 tonnes) mais seulement 9e si on rapporte les substances à l’hectare cultivé (3,7 kg/ha).
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À l’heure actuelle, sur le marché français de la protection des plantes, ultra-dominé par les insecticides, herbicides et fongicides chimiques, le biocontrôle, qui consiste à avoir recours à des organismes vivants pour lutter contre d’autres organismes vivants, ne pèse que 5 %.
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