LIBÉRATION / Par Coralie SCHAUB
«L’environnement, ça commence à bien faire.» Cette désormais célèbre phrase sarkozienne, lancée au Salon de l’agriculture 2010, François Hollande ne l’a pas prononcée samedi en faisant sa tournée au «cul des vaches». Mais il l’a sans doute pensée très fort.
La veille, le Président avait donné des gages à la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire dont le dirigeant, Xavier Beulin, est un fervent défenseur de l’agriculture intensive et ne perçoit l’environnement que comme une contrainte. Dans l’hebdomadaire la France agricole, Hollande a promis de faciliter la création ou l’extension des élevages industriels, comme c’est déjà le cas depuis le 1er janvier pour les porcheries – les éleveurs qui veulent créer ou agrandir une porcherie comprenant jusqu’à 2 000 porcs ou 750 truies n’ont plus à demander une «autorisation» à l’administration mais doivent simplement s’«enregistrer».
Une fuite en avant vers l’agrobusiness qui, pourtant, ne cesse de montrer ses limites : casse sociale avec, par exemple, la fermeture des abattoirs bretons Gad ; pollution des eaux ; algues vertes ; impacts sur la santé publique… Et qui est en contradiction avec la volonté affichée par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, de «changer de modèle» : sa loi d’avenir agricole, en cours d’examen au Parlement, vante les vertus de l’agroécologie, qui permet de produire autant tout en respectant la nature. A moins d’en faire un slogan marketing vide de sens, redoutent des ONG…
Les écologistes commencent à réagir. Le 17 février, les eurodéputés José Bové et Karima Delli, la députée Barbara Pompili, le sénateur Joël Labbé et des élus de Picardie dégainaient un communiqué : «Non à la ferme des 1 000 vaches [un projet de ferme-usine qui serait implanté dans la Somme, ndlr], oui à une agriculture bonne pour l’environnement et l’emploi.» Chiche ?