OUEST-FRANCE / 24-01-2013
Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, se préoccupe des effets sur la santé des produits phytosanitaires.
« Chantier ouvert ».
Le ministre de l’Agriculture a indiqué, hier au sénat, « que le chantier sur les risques sanitaires posés par les pesticides était d’ores et déjà ouvert ». La mission d’information sénatoriale avait dénoncé, en octobre 2012, les risques sanitaires menaçant ceux qui fabriquent ou utilisent des produits phytosanitaires. Les 27 sénateurs de cette mission avaient rédigé un rapport, adopté à l’unanimité, qui préconisait une centaine de recommandations pour limiter les risques des pesticides sur la santé.
« Il y a désormais consensus sur les raisons de cause à effet entre l’utilisation de certains de ces produits et des problèmes de santé majeurs tels des cancers, explique le ministre. Sur vos 100 propositions, 63 concernent mon ministère et une quinzaine sont déjà mises en oeuvre et nous allons poursuivre ».
Trois angles.
Pour Stéphane Le Foll, la question des phytosanitaires « se pose sous trois angles : les autorisations de mise sur le marché (AMM), la réduction de leur utilisation et la façon dont ils se retrouvent dans l’alimentation ». S’agissant des AMM « dès qu’il y a un risque, des décisions claires doivent être prises et c’est la position que défendra le gouvernement français à Bruxelles ».
Pour réduire l’usage des pesticides, le ministre, plaide pour une évolution « des modèles de production ». Les objectifs de réduction chiffrés ne sont pas probants selon lui. Le plan Écophyto lancé en 2008 dans le cadre du Grenelle de l’environnement avait comme objectif de diviser par deux l’usage des pesticides d’ici à 2018. « Or leur utilisation a augmenté de 2,5 % en 2012, note le ministre.
Interdire les phytos en jardinerie ?
Interdire la vente au détail des pesticides dans les grandes surfaces et les jardineries. C’est l’un des points clés du projet de loi que Joël Labbé, sénateur morbihannais Europe Écologie Les Verts, déposera devant l’assemblée. Il l’a évoqué, hier, au cours du débat au sénat. L’élu souhaite aussi « interdire l’utilisation des pesticides par les collectivités territoriales et développer des alternatives aux pesticides tels les PNPP, les préparations naturelles peu préoccupantes (comme les purins d’orties et autres décoctions de consoude ou prêle).
« Taxer les pesticides ».
Joël Labbé demande que les firmes phytosanitaires fassent des tests sur les effets cocktails des produits en phase de commercialisation. Il réclame aussi « la taxation des pesticides » afin de prendre en compte ce qu’il nomme « des externalités négatives comme les dépenses de santé et les dépenses liées à la réhabilitation de la qualité de l’eau. Il chiffre la facture « entre 54 et 91 milliards d’euros par an ». Le sénateur Europe Écologie Les Verts veut lever les blocages sur les purins d’ortie et autres préparations naturelles « et donner des réels moyens à la recherche publique notamment sur l’agriculture biologique et l’agroécologie mais plus globalement sur les pratiques agronomiques durables ».
Photo © Ouest-France : la viticulture est un gros consommateur de produits phytosanitaires.