LE TÉLÉGRAMME – 08/12/2020
En croisade contre les pesticides, le sénateur Joël Labbé a perdu la bataille des néonicotinoïdes mais pas la guerre. Pas le dernier quand il s’agit de sulfater, l’écolo rêve de voter Taubira à la présidentielle 2022.
Sur le front des néonicotinoïdes, vous avez perdu une bataille ou la guerre ?
Pour moi qui suis un combattant, la bataille est permanente. Réautoriser les néonicotinoïdes pour les betteraves sucrières n’est pas un bon signe. Mais ce n’est peut-être pas tout à fait perdu. Je fais partie de ceux qui ont signé le recours devant le conseil constitutionnel. Si celui-ci joue véritablement son rôle, le texte sera rejeté. Car dans la loi de biodiversité est inscrit le principe de non-régression du droit de l’environnement. Et là, la régression est évidente ! En ce moment, le plan de relance le confirme : on repart sur des idées de croissance, de compétitivité, de productivité. Ce modèle ne me convient évidemment pas du tout ! Je suis d’autant plus mobilisé pour proposer une alternative.
Vous avez justement proposé en novembre à Julien Denormandie d’être sénateur en mission pour le changement d’échelle de l’agriculture bio…
Sur le plateau TV de LCP, le ministre de l’Agriculture a voulu m’expliquer que les écologistes étaient dans la rhétorique du « Ya ka faut qu’on ». Parce qu’on n’est pas d’accord avec le modèle dominant, on devrait être ramené au rang d’Amish ? Je ne suis pas d’accord ! Je lui ai proposé qu’il me missionne sur l’agriculture bio avec la députée LREM Sandrine Le Feur (29). S’il nous donne six mois pour travailler sur son développement, on aura des propositions bien concrètes à faire. J’attends de ses nouvelles.
Parce qu’on n’est pas d’accord avec le modèle dominant, on devrait être ramené au rang d’Amish ? Je ne suis pas d’accord !
Dérogation pour les #néonicotinoïdes dans la culture des betteraves : « L’écologie, ce n’est pas de tuer une filière », déclare @J_Denormandie. « C’est réducteur ce que vous dites », répond @JLabbeSenat. #AuditionPublique pic.twitter.com/SywxEGfQ9M
— Public Sénat (@publicsenat) November 16, 2020
Vous avez une idée des mesures à diligenter en priorité ?
Il faut faire gaffe aux questions de rupture. On ne peut pas décréter qu’on ne mettra plus de pesticides d’ici un an. En revanche, je crois à l’action locale. Ce que je demanderais, c’est un vaste plan de soutien aux projets alimentaires territoriaux (PAT). Ces projets facultatifs devraient être obligatoires. Il ne s’agit pas d’être jusqu’au-boutiste en disant qu’on ne va pas exporter ou que tout doit venir du local. Mais il est clair que consommer en proximité encourage la qualité et accélère la transition agricole.