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Frelon asiatique. Le Morbihan lui déclare la guerre

LE TÉLÉGRAMME / Par Gabriel Simon

 

Face à une prolifération inquiétante, quels moyens faut-il mettre en place pour combattre le frelon asiatique ? La création d’un comité de pilotage regroupant les collectivités locales est dans l’air dans le Morbihan pour lancer une lutte concertée reposant sur la destruction et le piégeage.

Gilles Lanio est formel : « L’abeille n’aura pas les moyens de résister. C’est un rapport du Muséum d’histoire naturelle qui le dit ». Cet apiculteur de la région de Kervignac, responsable « frelons » au sein de l’Union nationale de l’apiculture française, craint le pire pour tous les insectes pollinisateurs. « Le frelon asiatique, c’est comme un rapace. Il se met au-dessus des plantes à fleurs et fonce sur tous les pollinisateurs qui passent », explique-t-il.

 

Un insecte de 2e catégorie
Arrivé depuis seulement quatre ans en Bretagne, ce prédateur à corps jaune et noir s’est transformé en insecte invasif. « Il y a des milliers de nids dans le Morbihan », indique Gilles Lanio. Et ce ne sont pas les méthodes désordonnées en cours qui permettront d’en venir à bout. « Nous n’avons pas de politique publique de lutte contre les frelons », précise Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, auteur d’un rapport sur les dangers des pesticides sur les populations d’abeilles. « Le frelon n’étant pas classé en 1re catégorie face à la menace qu’il représente, il ne peut pas y avoir de moyens d’État pour mener des actions d’envergure nationale. Et comme on connaît la situation financière de l’État, il ne faut pas compter là-dessus », souligne-t-il.

 

Coûteuses destructions

Actuellement, la destruction des nids revient à la charge du propriétaire du terrain. Les pompiers n’intervenant plus chez les particuliers, il faut faire appel à des sociétés privées. Parfois, des moyens de levage s’avèrent nécessaires pour atteindre les nids haut perchés dans les arbres. « On voit des prix fous. Plus de 1.000 € une destruction. À ce prix, les gens préfèrent ne rien faire, ce qui aggrave le problème », souligne Gilles Lanio. La question se pose, en outre, de savoir, si toutes les interventions se justifient, notamment après l’été, quand les reines ont quitté les nids pour aller se repeupler ailleurs. Ces questions seront évoquées, vendredi, à Saint-Nolff (*). Joël Labbé a invité conseil général, préfecture, communes et intercommunalités à constituer un comité de pilotage afin d’organiser la lutte contre les frelons asiatiques. « Ce que nous allons mettre en place dans le Morbihan pourra être exemplaire au niveau national », précise le sénateur. Distribuer des pièges Gilles Lanio préconise que l’on procède aux destructions seulement en été, au moment où les nids sont bien fermés et que l’on fasse du piégeage de septembre aux frimas et de février à mai, quand les reines sont dans la nature à la recherche de leurs protéines. L’idée est de distribuer gratuitement aux particuliers des pièges efficaces en leur donnant des conseils. « Un référent par commune s’avère indispensable », estime Joël Labbé. Les produits de traitement utilisés font aussi partie de la discussion. « Ils sont extrêmement toxiques, indique Gilles Lanio, alors que le soufre, qui est très efficace, est sans conséquence sur l’environnement ». « Mais impossible à acheter, regrette Joël Labbé car il n’a pas d’autorisation de mise sur le marché ». * Vendredi, à 17 h 30, au Mille Club. Réunion ouverte à tous.

 


© Le Télégramme / Gilles Lanio, responsable « frelons » à l’Union nationale de l’apiculture française et Joël Labbé, sénateur EELV du Morbihan prônent, notamment, l’utilisation de pièges. Photo G. S.

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