LE MONDE – 28/05/2021
Deux élus, une députée LFI et un sénateur écologiste, ont été malmenés par des policiers alors qu’ils venaient soutenir une manifestation d’agriculteurs au siège de Pôle emploi, jeudi à Paris.
Les images diffusées sur BFM-TV et sur les réseaux sociaux lors d’une manifestation d’agriculteurs, jeudi 27 mai, au siège parisien de Pôle emploi ont choqué : on y voit la députée La France insoumise (LFI) de l’Ariège Bénédicte Taurine, ceinte de son écharpe tricolore, ballottée dans une bousculade devant le bâtiment, puis saisie dans le dos par un policier, qui la repousse violemment, provoquant sa chute au sol.
Une enquête a été ouverte pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » a annoncé le parquet de Paris vendredi. Cette enquête, confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN), aura pour objectif « notamment de déterminer avec exactitude les circonstances des faits au regard du contexte général de l’intervention des forces de l’ordre », a souligné le parquet.
LFI avait réclamé « une condamnation claire » de la part du gouvernement et « des poursuites » contre ce policier filmé alors qu’il bouscule violemment Mme Taurine. « Il y en a qui disent que “le problème de la police, c’est la justice”. Il y en a qui espèrent qu’une manifestation fasse tomber “les digues de la loi et de la Constitution”. Il y en a pour qui une élue en écharpe tricolore ne représente rien. Y a-t-il un pilote à l’intérieur ? », a demandé le numéro deux du parti, Adrien Quatennens, vendredi sur Twitter, en faisant référence aux mots d’ordre de la manifestation de policiers devant l’Assemblée nationale, le 19 mai.
« Silence assourdissant »
« Glaçant », a tweeté le député « insoumis » Alexis Corbière à propos des images, reprenant le mot utilisé par la candidate socialiste aux régionales Audrey Pulvar pour qualifier la manifestation de policiers et qui avait déclenché une polémique avec le ministre de l’intérieur.
Mme Taurine a déploré, de son côté, un « silence assourdissant de Richard Ferrand [président de l’Assemblée nationale] et Emmanuel Macron ».
Dans la majorité, le vice-président de l’Assemblée, Hugues Renson (La République en marche, LRM), l’a assurée de sa « solidarité républicaine ». « La violence employée à l’endroit d’une élue de la nation, arborant son écharpe tricolore, est inqualifiable et inadmissible », a-t-il tweeté.
Le député communiste Sébastien Jumel a jugé la scène « inacceptable » et appelé sur Twitter à ce que « le droit de manifester, le libre exercice du mandat parlementaire [soient] garantis ».
Une autre vidéo diffusée sur Twitter montre également le sénateur écologiste du Morbihan, Joël Labbé, être malmené et repoussé par un policier à l’aide de son bouclier alors qu’il tente de rejoindre les manifestants. Son groupe parlementaire a dénoncé une « violence inacceptable ».
La Confédération paysanne sera reçue par l’Elysée
Environ deux cents paysans venus de toute la France ont manifesté, jeudi, durant plus de cinq heures devant et à l’intérieur du siège de Pôle emploi, à Paris, pour réclamer à l’exécutif une politique agricole commune (PAC) qui préserve l’emploi agricole, avant d’être évacués par la police.
La manifestation a été totalement dispersée vers 19 heures par les policiers, dans une certaine confusion après plusieurs charges sur les manifestants pour évacuer le site. La Préfecture de police de Paris a rapporté sur Twitter qu’un policier avait été « blessé par un jet de projectile et hospitalisé ». Cent vingt manifestants ont été verbalisés, selon elle.
Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne, a dénoncé une « pression sur les organisations syndicales » : « On veut emmerder les gens qui veulent manifester, qui veulent affirmer fortement, mais de manière non violente », leurs revendications.
Une trentaine de militants ont envahi le hall d’entrée dès la fin de la matinée pour réclamer un entretien avec la direction générale de Pôle emploi, afin de « négocier un rendez-vous avec Emmanuel Macron », avait expliqué Véronique Marchesseau, secrétaire générale de la Confédération paysanne. L’organisation syndicale sera reçue la semaine prochaine à l’Elysée par un conseiller, a-t-elle écrit vendredi sur Twitter.
Réunis à Bruxelles durant trois jours de négociations, les eurodéputés et Etats membres de l’Union européenne ne sont pas parvenus à trouver d’accord sur la nouvelle PAC destinée à « verdir » l’agriculture européenne à partir de 2023, ont-ils annoncé vendredi. Les négociations reprendront en juin.