Joël Labbé était présent mardi à Matignon, en sa qualité de parlementaire breton, lors de l’annonce de la suspension de la mise en œuvre de l’écotaxe. Extrêmement préoccupé par la situation sur son territoire, il s’est dit vivement soulagé de cette décision. « Une tentative de passage en force aurait entrainé une inévitable escalade de la violence, notamment lors de la manifestation prévue à Quimper samedi prochain. »
Comme l’ensemble de ses collègues élus écologistes, il reste toutefois très attaché à cette mesure de taxation des poids lourds. C’est une nécessité qui découle d’engagements internationaux visant à la fois à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et la consommation d’énergies fossiles. Le produit de cette taxe, de l’ordre d’un milliard d’euros annuel, permettra de financer la modernisation des infrastructures de transport, et le développement du fret ferroviaire, maritime et fluvial de demain.
En outre, cette taxe incitera à la relocalisation de l’économie bretonne, en pénalisant les transports longs, minimisant l’avantage concurrentiel des marchandises provenant des pays aux normes environnementales et sociales faibles; un premier pas vers la mutation nécessaire d’un modèle agricole et agro-alimentaire en bout de course, générant pertes d’emploi en masse et graves atteintes aux équilibres environnementaux.
La décision du Premier Ministre est une décision d’apaisement et de retour au dialogue entre tous les acteurs concernés. Mais il est nécessaire de reprendre les négociations rapidement. Nous ne pouvons renoncer aux 1 milliards d’euros de recettes prévus par la mise en application de l’écotaxe, ni subir la perte des 650 millions d’euros accordés à la société concessionnaire par le gouvernement précédent pour la mise en place des portiques et installations de contrôle. Auxquels s’ajouteraient 800 millions d’euros de clause d’annulation…
Il est important de rappeler que la particularité du territoire breton a déjà été prise en compte, avec un abattement de 50% sur le taux kilométrique et une exonération pour les collectes de lait. Sans oublier que les 150 km de l’axe principal Est-Ouest de la région ne sont pas taxables.
Aujourd’hui, chacun doit prendre ses responsabilités face à une situation de crise qui ne trouvera son issue que dans une profonde mutation de l’économie bretonne, privilégiant la relocalisation et la valeur ajoutée. L’écotaxe n’a aucune espèce de responsabilité dans la faillite actuelle du modèle breton. Elle doit cependant apporter une part de réponse à cette crise.