Le Télégramme

Agriculture. Les élus passent à table

LE TÉLÉGRAMME / 28 février 2016

Changement de mode opératoire. Plutôt que de se faire entendre en engendrant des perturbations, les agriculteurs ont invité, hier à Muzillac, la population et les élus, leur coeur de cible, à partager un pique-nique 100 % français.

Cela fait sept semaines que les agriculteurs mènent des actions pour faire bouger les lignes et qu’on revalorise les prix de leur production. Dans le Morbihan, on les a vus bloquer des grandes surfaces, occuper la RN 165, bloquer toutes les entrées de Vannes… Bref, on les a surtout vus occasionner de la gêne – et faire quelques dégâts au passage – dans l’espoir d’être entendus. Il n’était pas question de cela hier à Muzillac. Cette fois, si les agriculteurs ont bien remis le couvert, c’est au sens propre, en invitant leurs concitoyens et les élus à se mettre à leur table. Pas du genre entrée-plat-dessert, avec la petite serviette bien pliée à côté de l’assiette, plutôt charcuteries et grillades maison servies à la bonne franquette, debout, place du Vieux-Couvent. Avec la garantie, aussi, que tout ce qui soit proposé soit bien français. C’est pourquoi des nuggets à l’origine indéterminée, ont été mis de côté. En revanche, pas de doute concernant les côtes de porcs, cuisses de poulet et saucisses servies par dizaines à quelque 200 convives. « On aimerait obtenir pour les produits laitiers ce que l’on a eu pour la viande : que le consommateur sache l’origine du produit, afin qu’il fasse son choix en toute connaissance de cause », commente un agriculteur, affairé à préparer des sandwichs.

« Une image qui nous fait du bien »

Une trentaine d’élus, essentiellement du sud Morbihan, ont répondu à l’invitation de la FDSEA. Le mot d’ordre du jour, c’était de les inciter à privilégier des aliments français dans les repas que servent les collectivités, et produits localement dans la mesure du possible. De ce côté-là, tous les élus qui sont montés sur la remorque faisant office de scène ont juré craché qu’ils soutenaient la démarche. Gérard Gicquel, maire d’Elven : « On a encore 70 exploitants sur notre commune. Donc, l’agriculture, c’est notre ADN. Cela fait plusieurs années qu’on est 100 % français dans nos cantines. Et même local concernant la viande et le poisson ». Patrick Le Penhuizic, maire de Lauzach et agriculteur : « Je suis heureux et triste d’être là à la fois. Nous aussi nous servons des produits locaux et bio à la cantine. Il y a maintenant une prise de conscience importante chez les élus. J’espère que cela ira jusqu’au plus haut niveau de l’État ». Le sénateur Joël Labbé, tout comme le député Paul Molac, est venu apporter son soutien à une profession ébranlée. « Qu’un élu d’Europe Écologie Les Verts vienne soutenir l’agriculture traditionnelle, sur la place où se tient habituellement le marché bio, c’est une image qui nous fait du bien », a commenté un agriculteur. Jusqu’à l’évêque Mgr Centène, qui a appelé à ce que l’on « préserve la dignité des agriculteurs, qui doivent pouvoir vivre de leur métier ». À ce jour, dans le sud-est Morbihan, une quarantaine d’élus auraient signé la charte pour l’approvisionnement en produits alimentaires d’origine française dans la restauration collective.

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