LE TÉLÉGRAMME – 27/05/2018
Vendredi, Yannick Jadot a rendu visite à des apiculteurs du Centre Bretagne. Confrontée à de lourdes pertes dans plusieurs colonies, la filière apicole du centre Bretagne espère ainsi se faire entendre des pouvoirs publics.
François Le Dudal, apiculteur à Cohiniac depuis sept ans, regarde d’un air désolé son hangar. À l’intérieur, des centaines de ruches empilées, toutes vides. « Normalement, à cette saison, il devrait y avoir des abeilles dedans ». Seulement, François Le Dudal a perdu 80 % de ses colonies. « J’avais 360 colonies, ce qui me semblait une garantie de viabilité pour la pérennisation de mon activité. Mais aujourd’hui, je n’ai plus de perspective », explique-t-il.
À ses côtés, Joël Labbé, sénateur du Morbihan, et Yannick Jadot écoutent attentivement, hochant parfois la tête. En jean et tennis, le député européen écologiste constate les pertes. « Si on est là, c’est qu’il y a urgence. Pour vous aider à reconstituer vos essaims et, en plein débat sur la loi agriculture et alimentation, qu’il y ait des actes qui soient posés sur tous les pesticides » a-t-il réclamé.
Les pesticides au cœur du débat
L’enjeu, selon lui, est désormais d’interpeller les pouvoirs publics : « Stéphane Travert est totalement sourd à la réalité que vous vivez alors qu’il est votre ministre. On interpelle aussi le Premier ministre et le président de la République », a-t-il ajouté avant de conclure : « si le ministre ne se déplace pas sur le terrain, ces ruches mortes vont se déplacer chez lui ».
Car il s’agit bien de ça pour les apiculteurs : se faire entendre. François Le Dudal le clame : selon lui, ces pertes ne peuvent pas être expliquées par la pratique des professionnels, ni par des raisons météorologiques. « On a des soupçons d’intoxication. On peut imaginer que des neurotoxiques ont pu jouer sur leur sens de l’orientation », avance-t-il avec prudence.
« On n’a rien à perdre, on a déjà tout perdu »
Les pesticides reviennent encore et encore dans les échanges entre les élus et les apiculteurs ayant fait le déplacement. « Il y a urgence à revoir notre système agricole et arrêter de distribuer des poisons », insiste Gilles Lagneau, président de l’UNAF (Union nationale de l’apiculture française). Mais les professionnels ne s’y méprennent pas : « il ne s’agit pas d’incriminer les agriculteurs, ils sont eux-mêmes victimes et otage d’un système », peut-on entendre dans l’assistance.
Collectif pour la survie des abeilles
Face à leurs pertes, les apiculteurs du centre Bretagne se sont réunis et ont créé le collectif pour la survie des abeilles. « On met l’état et le gouvernement en demeure d’assumer leurs responsabilités et de dédommager les apiculteurs concernés à la hauteur des préjudices subis, économiques et environnementaux », explique François Le Dudal, avant de terminer : « on n’a rien à perdre, on a déjà tout perdu ».