OUEST-FRANCE – 25/05/2018 – Par Brice Dupont
Apiculteur à Cohiniac, près de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), François Le Dudal a perdu 80 % de ses colonies cette année. Une surmortalité inédite, qui touche de nombreux professionnels en Bretagne.
Il n’a jamais vu ça. À la sortie de l’hiver, le constat est désastreux pour François Le Dudal, apiculteur installé à Cohiniac, dans les Côtes-d’Armor : sur les 360 colonies d’abeilles, il en a récupéré seulement 80 vivantes. 80 % de ses ruches sont perdues.
« Une telle surmortalité est inédite et dramatique. C’est d’abord du dépit, quand on ramène des ruches mortes en pagaille, témoigne François Le Dudal. Puis c’est de la colère et de l’inquiétude. Car je n’ai pas de trésorerie, pas de perspectives, et aucune rentrée d’argent en vue pendant un an au moins. »
Partout en Bretagne
Cette hécatombe ne touche pas que l’apiculteur de Cohiniac. « Les témoignages de surmortalité affluent de partout, souligne José Nadan, initiateur de la marche des apiculteurs sur Rennes début mai. Sur 60 000 ruches recensées, ce sont environ 20 000 ruches mortes qui sont estimées en Bretagne. »
Comment expliquer une telle surmortalité ? « On n’est pas biologiste, on n’est pas en capacité de pouvoir dire si c’est tel ou tel produit qui a tué les abeilles, indique François Le Dudal. Mais on est persuadé que c’est en lien avec des intoxications. On pense à certains pesticides ou certains néonicotinoïdes. Et il ne s’agit pas ici d’incriminer les agriculteurs, qui sont pris dans un système dont ils sont souvent victimes. »
Des actions menées prochainement
Ce vendredi, à Cohiniac dans les Côtes-d’Armor, François Le Dudal a reçu le député européen écologiste Yannick Jadot et le sénateur du Morbihan Joël Labbé. Une rencontre initiée par le Collectif pour la survie de l’abeille.
« Il y a urgence, face au déni de réalité du ministre de l’agriculture, explique Yannick Jadot. Il faut d’abord aider financièrement les apiculteurs. Puis il faut lutter contre ces pesticides qui tuent les abeilles. »
Le Collectif pour la survie de l’abeille prévoit une action d’envergure dans chaque département ainsi qu’à Paris pour se faire entendre. Elle doit avoir lieu le 7 juin prochain.
Il appelle également les apiculteurs professionnels et amateurs à recenser leurs pertes, pour avoir une vision précise de l’hécatombe.