SUD-OUEST – 19/04/2018 – Par Fabien Paillot
Dolus lance sa première ZAD ce week-end. Derrière cette « zone d’alimentation durable » : des débats, ateliers et concerts contre la malbouffe.
Une ZAD sur l’île d’Oléron. La commune de Dolus-d’Oléron lance ce week-end une « Zone d’alimentation durable » sur le site de la Cailletière, un ancien domaine agricole du XVIIIe siècle transformé un temps en colonie de vacances et depuis peu propriété du village. Derrière cet acronyme se profile l’organisation du premier « Printemps de l’alimentation durable » (1), une manifestation « citoyenne » et « culino-artistique » de trois jours imaginée afin de « placer l’agriculture et l’alimentation au cœur des enjeux des politiques publiques territoriales ». « Nous souhaitons remettre la politique alimentaire au centre de l’action communale et l’élargir aux acteurs publics, privés et associatifs », détaille Grégory Gendre, le maire de Dolus-d’Oléron.
Et dénoncer « l’agro-business » aussi. Tout en prolongeant le combat engagé depuis 2014 contre Mc Donald’s, « en questionnant ouvertement le modèle sociétal apporté par les enseignes de la restauration rapide », écrivent les organisateurs de cette manifestation. Pour rappel, la commune s’oppose toujours à l’implantation d’un restaurant du géant de la restauration rapide sur ses terres. La justice a tranché une première fois, en septembre dernier, en faveur de Mc Donald’s et des propriétaires des terrains convoités.
« Offre tangible et concrète »
Mais la municipalité n’entend pas céder et préfère depuis payer 300 euros d’astreinte quotidienne après avoir provisionné une importante somme d’argent sur les deniers publics et les indemnités des élus locaux. L’appel de cette décision devrait être jugé mi-juillet. En attendant d’être fixée, la commune compte ainsi défendre son « offre alternative, tangible et concrète », dixit Grégory Gendre. Car le site de la Cailletière est amené à devenir un lieu d’expérimentation.
Le maire de Dolus-d’Oléron entend ainsi y installer « un incubateur agricole » afin de former des futurs maraîchers au métier. « Ils pourraient venir se tester durant un à trois ans », détaille Grégory Gendre. Dix parcelles de 100 m² ont d’ores et déjà été délimitées pour cet exercice.
Concurrencer Mc Donald’s
L’objectif est également de fournir la cantine scolaire du village en produits locaux, issus de l’agriculture biologique et, pourquoi pas, concurrencer par cette production locale « l’enseigne que l’on connaît », espère l’élu. La Cailletière accueille aussi les Restos du cœur et une compagnie artistique des arts de la rue. « Et bientôt des éléments de skatepark couverts, une ludothèque ou encore un espace de coworking », abonde l’édile dolusien.
Ainsi, la ZAD initiée ce week-end vise autant à faire connaître ce projet qu’à interroger la question alimentaire. De ce côté-là, les participants du « Printemps de l’alimentation durable » pourront, samedi, enchaîner débats, ateliers et conférences. Parmi les invités de cette ZAD : Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan et auteur de la loi sur l’interdiction des pesticides sur l’espace public, ou encore Xavier Denamur, restaurateur parisien, activiste et militant des circuits courts. Sont aussi attendus Patrick Moquay, l’ancien président de la Communauté de communes de l’île d’Oléron et enseignant-chercheur à l’École du paysage de Versailles, Fabrice Roux, restaurateur et président de l’association Assiettes et Saveurs Marennes-Oléron, Benoît Simon, le président de l’association d’agriculteurs Marennes-Oléron Produits et Saveurs ou encore Jean-François Périgné, mytiliculteur et secrétaire général de la Confédération paysanne. Gilles Pérol, président du réseau Un + bio, et Benoît Biteau, paysan et conseiller régional PRG, seront également de la partie. Le premier printemps dolusien de l’alimentation durable s’achève, lui, dimanche au soir.
(1) Samedi et dimanche, route de Boyardville à Dolus-d’Oléron. Entrée gratuite et participation libre. Programme complet sur Facebook, Printemps de l’alimentation durable.