PUBLIC SÉNAT / 04-02-2015
Pour protester contre le « verrouillage » des votes sur sa proposition de résolution pour interdire des insecticides à l’origine de la mort des abeilles, le sénateur écologiste Joël Labbé a retiré sa cravate dans l’hémicycle. Elle est obligatoire.
Coup de colère. Alors qu’il était à la tribune de l’hémicycle du Sénat, le sénateur écologiste Joël Labbé a enlevé sa cravate. Un geste de protestation. La cravate est obligatoire pour les hommes en séance publique. Sans, il est impossible de rentrer. Le sénateur Europe Ecologie-Les Verts défendait sa proposition de résolution sur un moratoire européen sur les insecticides néonicotinoïdes, à l’origine de la disparition des abeilles. Elle a été massivement rejetée par le Sénat. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a appelé à rejeter la résolution. Elle n’a pas de caractère contraignant ou législatif.
« J’en ai dérangé un certain nombre par la demande de ce scrutin public, pour que chacun vote en son âme et conscience », a lancé le sénateur du Morbihan. « L’esprit de cette maison commence à me déranger. Il y a des symboles. Parfois, il faut poser des actes, Madame la présidente. La cravate est obligatoire ici. J’ai fait des efforts, je n’avais pas l’habitude de la porter. Maintenant je ne suis plus dans l’esprit du Sénat qui règne actuellement. Et la cravate, je vais la tomber. Je ne la porterai plus ici », a lancé Joël Labbé tout en enlevant sa cravate. « Quand à vous, vous pouvez continuer de ricaner » a-t-il terminé en regardant sur la droite de l’hémicycle.
« Impact sur la santé humaine »
Joël Labbé a ensuite expliqué à Public Sénat son coup de sang : « Je venais d’apprendre que les appareils politiques avaient verrouillé les votes ».
Lors d’une conférence de presse la semaine dernière, le sénateur avait expliqué que « la tendance n’était pas très favorable », alors que « des parlementaires de tous bords politiques avaient cosigné cette résolution en juin 2014 ». Le sénateur avait adressé une lettre ouverte aux sénateurs, les appelant à adopter la résolution. « Notre gouvernement a été exemplaire lorsqu’il a poussé la Commission européenne à restreindre l’utilisation de trois substances actives de la famille des néonicotinoïdes », concède-t-il dans cette lettre. Il estime qu’à présent la France doit « agir auprès de l’Union européenne pour obtenir un moratoire européen sur l’ensemble des pesticides néonicotinoïdes ».
Les effets de ces pesticides sont un enjeu de biodiversité. Certaines études montrent qu’au-delà des abeilles, ils pourraient aussi toucher la faune des rivières ainsi que les oiseaux. Le texte souligne « l’impact des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs, l’environnement et la santé humaine ».