MÉDIAPART / 04-02-2015
Les sénateurs Evelyne Didier (CRC), Marie-Annick Duchêne (rattachée UMP), Chantal Jouanno (UDI) et Joël Labbé (EELV) invitent les élus de leur assemblée à adopter ce mercredi 4 février une proposition de résolution pour l’interdiction au niveau européen des substances néonicotinoïdes, pesticides neurotoxiques spécialement persistants.
Une proposition de résolution soumise au Sénat le 4 février invite le gouvernement français à agir auprès de l’Union européenne pour interdire toutes les utilisations des substances néonicotinoïdes tant que les risques graves pour la santé humaine, animale et l’environnement ne sont pas écartés. La même proposition a été déposée en parallèle à l’Assemblée nationale par le député Germinal Peiro.
En votant la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, la France s’est engagée dans la transition agro-écologique, pour que notre agriculture puisse nourrir les Français et les Européens avec une nourriture de qualité, exempte de polluants chimiques et contribuant à l’accroissement de la biodiversité et à la préservation des sols.
Il s’agit d’un objectif ambitieux, tant les impératifs quantitatifs ont pu primer par le passé sur les questions environnementales et de santé publique.
Le Président de la République s’y est d’ailleurs engagé lors de son discours introductif à la conférence environnementale en décembre 2014: « Une grande attention doit être portée sur la situation sanitaire des pollinisateurs, aux impacts des pesticides et des perturbateurs endocriniens. Un moratoire européen concernant trois néonicotinoïdes a été décidé à notre initiative. Je sais qu’il y a d’autres risques et nous irons plus loin. La France portera elle-même ce dossier au plan communautaire. »
Les néonicotinoïdes sont des pesticides systémiques, ils peuvent rester dans la plante tout au long de sa vie et sont extrêmement persistants dans l’environnement, aussi bien les eaux que les sols.
Ils sont neurotoxiques pour les insectes et les pollinisateurs, mais ils produisent également des effets négatifs sur les oiseaux, les vers de terre, les rongeurs, l’ensemble de la biodiversité des sols et sur le développement du système nerveux humain.
Les agences européenne, américaine et canadienne de sécurité des aliments et de protection de l’environnement ont mis en garde contre les dangers significatifs de l’utilisation de ces substances. De nombreux rapports montrent également que l’utilisation des ces molécules n’a pas permis un accroissement des rendements pour les agriculteurs.
La valeur économique de la pollinisation a été estimée à 153 milliards d’euros par an. De même, 35 % de la production mondiale de nourriture est liée aux insectes pollinisateurs. Alors que selon une étude de l’université de Reading (Royaume-Uni), l’Europe affiche un déficit de 13,4 millions de colonies d’abeilles pour correctement polliniser ses cultures et qu’en France et en Allemagne, à peine de 25 % à 50 % des colonies nécessaires sont présentes, il est urgent et nécessaire d’agir.
La conférence internationale que la France accueillera à Paris en décembre 2015 sera une échéance cruciale en vue d’aboutir à un accord mondial sur le climat, et de ce fait sur nos modes de développement. Notre pays se doit, cette année plus que jamais, d’être à la hauteur de ses ambitions et démontrer sa capacité à l’exemplarité. En 2015, la grande loi de préservation de la biodiversité devra traduire toutes ces ambitions.
Nous espérons qu’en votant cette résolution, co-signée par des parlementaires de tous les bancs, le Sénat donnera le premier signe positif pour la planète en ce début d’année 2015 dans une belle unité permettant de dégager une majorité.
Evelyne Didier, sénatrice de Meurthe-et-Moselle, (CRC)
Marie-Annick Duchêne, sénatrice des Yvelines (rattachée UMP)
Chantal Jouanno, sénatrice de Paris (UDI), ancienne secrétaire d’État chargée de l’Écologie
Joël Labbé, sénateur du Morbihan (EELV), auteur de la résolution