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Colloque « Pour une agriculture respectueuse des pollinisateurs »

Paroles de scientifiques et témoignages de producteurs.

PALAIS DU LUXEMBOURG5 JUIN 2014 / De 14 h 30 à 17 h 30
26 rue de Vaugirard (Salle Monnerville) / 75006 PARIS


Les abeilles et les insectes pollinisateurs sont en déclin. L’utilisation de pesticides et la perte de biodiversité découlant de l’intensification de l’agriculture sont de plus en plus mises en cause dans ces mortalités. Or, l’abeille joue un rôle essentiel pour l’agriculture et la biodiversité par son action de pollinisation, participant directement à la production de 84% des espèces cultivées en Europe.


Le colloque, réunissant scientifiques, apiculteurs, agriculteurs et élus, a été l’occasion d’une réflexion commune sur les conséquences de certaines pratiques agricoles pour les pollinisateurs et sur la mise en place de modèles alternatifs.

Ce colloque est revenu, plus particulièrement, sur les dangers associés aux néonicotinoïdes, pour l’abeille comme pour l’environnement et l’Homme. Chercheurs et agriculteurs ont discuté des systèmes qui permettent de produire autrement. De nombreuses initiatives existent déjà en France et en Europe. La parole a été donnée aux scientifiques, qui travaillent sur la mise en place d’alternatives aux néonicotinoïdes et à des acteurs qui s’engagent concrètement, sur le terrain, pour le respect des pollinisateurs.

> Le colloque a été suivi d’une collation avec visite du rucher du jardin du Luxembourg (vers 18h00).

 

LES ORGANISATEURS

Joël Labbé
Sénateur du Morbihan

Germinal Peiro
Député de Dordogne

En partenariat avec
l’Union Nationale de l’Apiculture Française
et la Société Centrale d’Apiculture

Sous l’égide des
Ambassadeurs du Comité de soutien des élus à l’abeille et aux apiculteurs


Ouverture du colloque / Joël Labbé, sénateur du Morbihan

Mesdames et Messieurs,
Chers-ères collègues,

Tout d’abord bonjour à toutes et à tous, et bienvenue au Palais du Luxembourg pour cet après-midi de réflexion consacrée aux pollinisateurs et aux alternatives à mettre en place pour tenter d’enrayer ce que l’on peut qualifier aujourd’hui d’inquiétant déclin des populations d’abeilles. Bienvenue aussi à nos amis intervenants européens venus d’Italie et de grande Bretagne. Nous sommes le 5 juin, Journée Mondiale de l’Environnement, c’est une belle symbolique.

Permettez-moi de me présenter : Joël Labbé, Sénateur du Morbihan, membre du groupe écologiste au Sénat, Vice-président de la Commission des Affaires Economiques, particulièrement investi sur les questions agricoles et alimentaires.

En tant que co-organisateur de ce colloque avec mon collègue député Germinal Peiro, je vous remercie de votre présence et me félicite de voir cette salle si bien remplie. Preuve que le sujet qui nous rassemble aujourd’hui préoccupe beaucoup.

Je tiens en premier lieu à excuser Madame Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie, du développement durable et de l’Energie, ainsi que Monsieur Stéphane Le Foll, Ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt, qui n’ont pu se libérer pour se joindre à nous.

Je tiens à remercier chaleureusement notre partenaire dans l’organisation de cet évènement, à savoir l’Union Nationale de l’Apiculture Française, qui représente aujourd’hui près de 20 000 professionnels, et dont je salue le travail de sensibilisation mené sans relâche auprès des élus et du grand public pour la sauvegarde de l’abeille et des pollinisateurs sauvages. Merci aussi à notre autre partenaire qu’est la Société Centrale d’Apiculture qui va nous recevoir aux ruchers du jardin du Luxembourg pour clore cette journée.

Je salue également la présence parmi nous de nombre de mes collègues parlementaires et élus des collectivités territoriales qui ont, comme moi, rallié le comité de soutien des élus à l’abeille et aux apiculteurs, avec la volonté de s’engager aux côtés des apiculteurs pour la préservation de la biodiversité dans toue sa globalité.

Enfin, un grand merci à Fanny Duperray, étudiante en master « développement soutenable » à Sciences-Po Lilles,  stagiaire au sein de mon équipe depuis le mois de janvier, qui a déployé toute son énergie pour que ce temps d’échanges soit un succès.

Ma première rencontre avec l’UNAF remonte à 2012, dans le cadre de la Mission Commune d’Information sur les pesticides et leur impact sur la santé et l’environnement, dont j’étais l’un des vice-président.
Nous nous sommes ensuite retrouvés ici, au Sénat quand Saint-Nolff, la commune du Morbihan dont j’étais encore le maire, a été primée « capitale française de la biodiversité 2012 »… et c’est Olivier Belval, Président de l’UNAF qui nous a remis le trophée.

Avec mon équipe municipale, nous avions mené un certain nombre d’actions d’éducation et de sensibilisation à la biodiversité et mis en place dès 2007 un programme zéro-phytos pour l’ensemble des espaces publics de la commune.
Autant d’engagements auxquels je suis resté fidèles et que je tiens à porter maintenant dans l’exercice de mon mandat de parlementaire.

Ma première proposition de loi visant à mieux encadrer l’usage des produits phytosanitaires sur le territoire national a été définitivement adoptée en février de cette année, fédérant une large majorité autour d’un texte essentiel pour la santé et l’environnement. Elle interdira l’usage des pesticides par les collectivités sur leurs espaces publics d’ici 2020, et par les particuliers dans leurs jardins d’ici 2022. Ce n’est qu’un premier pas.

N’oublions pas que plus de 90% des pesticides sont utilisés en agriculture. Les marges de progrès sont énormes pour sortir de ce qui est une véritable addiction ! L’abeille, le plus emblématique des insectes, de par son rôle de pollinisateur, est particulièrement victime de ce fléau. Plus de 50 % des abeilles ont disparu depuis 15 ans. Si l’usage des pesticides n’est pas la cause unique, elle en est une cause majeure. Les pesticides neurotoxiques que sont les néonicotinoïdes sont fortement incriminés par la communauté scientifique. Nous en avions eu une démonstration implacable faite par M. Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, lors d’un déplacement de la Mission pesticides dans le Morbihan, où j’avais choisi de mettre en exergue cette situation préoccupante du déclin des populations d’abeilles.

Il est grand temps de produire autrement -, volonté affichée de la loi d’avenir agricole-  et de mettre en place des alternatives à ce modèle agro-chimique intensif qui prive les abeilles d’une alimentation constante, variée et de qualité. Dans des régions entières, largement vouées à la monoculture à grands renforts d’engrais et de pesticides, les abeilles ne sont tout simplement plus là pour assumer leur rôle de pollinisatrices.
Dans le cadre de la loi d’avenir agricole, qui a été examinée en première lecture, je fais partie de ceux qui ont défendu les principes d’une véritable agro-écologie respectueuse des pollinisateurs, de la biodiversité, et de la santé. Nous aurons l’occasion d’en reparler très prochainement lors des débats en deuxième lecture.

Je souhaite que ce colloque, par les témoignages de producteurs, les apports des experts, participe à cet élan.

Je tiens d’ailleurs à souligner ici l’importance du lien entre la société civile et, nous, parlementaires, pour alimenter notre réflexion sur des sujets aussi importants que celui qui nous réunit aujourd’hui. Les résultats des élections dernières  en ont montré l’absolue nécessité. Les politiques doivent retrouver leur rôle de relais par rapport aux préoccupations de la population. Et l’attente des apiculteurs aujourd’hui est grande ! A mon sens, ce temps fort de réflexion commune doit être aussi l’occasion d’une action politique volontariste. C’est pourquoi nous vous proposerons en conclusion de ce colloque, avec mon collègue Germinal Peiro, une initiative parlementaire visant à la protection des pollinisateurs.

En conclusion de mon propos, sur ce sujet qui est particulièrement grave, j’oserai la légèreté d’un propos poétique tiré d’un livre qui vient de paraître et qui m’a été offert. L’auteur en est Gilles Lapouge et le titre, « l’âne et L’abeille », deux être vivant si précieux pour l’humanité. A propos de l’abeille dont les mœurs participent au grand mystère des équilibres qui font la vie, il écrit ceci :

«  L’abeille, elle aime à l’envers… ce n’est pas aux autres abeilles qu’elle fait l’amour.
Elle préfère forniquer avec des individus qui ne sont pas de son genre : elle séduit les fleurs et les fleurs la désirent… »

Alors, a nous, qui sommes ici, chacun dans notre rôle, de faire en sorte que les baisers qu’offre la fleur en retour à l’abeille ne soient pas, à son insu, des baisers empoisonnés.

Pour l’heure, je vous souhaite à toutes et tous une bonne après-midi de travail.
Je vous remercie.

Parlementaires, soutenez la résolution pour une interdiction européenne large des insecticides néonicotinoïdes qui sera déposée le 19 juin.

40 élus se sont déjà engagés !

À l’occasion du colloque pour une agriculture respectueuse des pollinisateurs qui s’est tenu au Sénat le 5 juin, le Sénateur Joël Labbé et le Député Germinal Peiro ont présenté une proposition de résolution invitant le gouvernement français à agir auprès de l’Union européenne pour une interdiction de toutes les utilisations des insecticides néonicotinoïdes neurotoxiques tant que les risques graves pour la santé humaine, animale et l’environnement ne seront pas écartés. A ce jour, déjà 40 parlementaires, députés ou sénateurs de différentes couleurs politiques (voir liste ci-contre) ont apporté leur soutien à cette résolution.

En mai dernier, la Commission européenne a restreint l’utilisation de trois insecticides néonicotinoïdes (la clothianidine, le thiaméthoxam et l’imidaclopride) mais l’interdiction est partielle car ces trois molécules, ainsi que deux autres néonicotinoïdes, restent utilisées en France et en Europe sur de très larges surfaces (blé, maïs, fruitiers, colza, etc.). La résolution demande donc l’extension de cette interdiction pour protéger de manière satisfaisante les abeilles, l’environnement et la santé humaine.

La résolution est étayée par de nombreux arguments scientifiques et agronomiques. De plus en plus d’études attestent des impacts des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs alors que les colonies d’abeilles fournissent grâce à la pollinisation un service indispensable pour la sécurité alimentaire et les rendements de l’agriculture. De récentes études montrent que les impacts de ces molécules ne se limitent pas aux pollinisateurs mais concernent tout un ensemble de composantes de notre environnement (oiseaux, macro invertébrés, etc.). L’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) estime que ces molécules peuvent avoir une incidence sur le développement du système nerveux humain. Enfin, plusieurs rapports et publications font valoir que l’utilisation de ces molécules n’a pas permis une augmentation significative des rendements pour les agriculteurs.

Le Parlement français pourrait ainsi emboîter le pas du Parlement néerlandais qui a adopté à la majorité une telle résolution en mars 2014 du fait « des impacts sur les pollinisateurs et la santé des enfants » (1).

Pour Olivier Belval, président de l’UNAF, « Les apiculteurs se réjouissent de cette initiative parlementaire. Il est encourageant de constater que nos élus saisissent la mesure de l’importance et de l’urgence de protéger les pollinisateurs, notre environnement et notre santé. Souhaitons que le plus grand nombre de députés et de sénateurs soutiendront cette résolution.» Les 9 ambassadeurs du comité de soutien des élus à l’abeille (2), qui compte une centaine de membres au total, apportent déjà leur soutien au texte.

 LIRE LA RÉSOLUTION
Vous êtes parlementaires et vous souhaitez apporter votre soutien au texte avant son dépôt le 19 juin, contactez :
Justine de Schepper / justine.de.schepper@unaf-apiculture.info
Fanny Duperray / fa.duperray@gmail.com


> LIRE LA RÉSOLUTION


 

LES PREMIERS SIGNATAIRES

Sénateurs
Joël Labbé, Leila Aïchi, Jacqueline Alquier, Michèle André, Aline Archimbaud, Esther Benbassa, Pierre Bernard-Reymond, Marie-Christine Blandin, Nicole Bonnefoy, Corinne Bouchoux, Ronan Dantec, Jean Desessard, Alain Fauconnier, André Gattolin, Roger Gilbert, François Grosdidier, Pierre Jarlier, Chantal Jouanno, Jean-Vincent Placé

Députés
Germinal Peiro, Laurence Abeille, Brigitte Allain, Danielle Auroi, Gérard Bapt, Daniel Boisserie, Bernadette Bourzai, André Chassaigne, Cécile Duflot, William Dumas, Jean-Claude Guibal, Francis Hillmeyer, Bernadette Laclais, Annick Le Loch, Maurice Leroy, Martine Lignières-Cassou, Pierre Morel-à-l’Huissier, Philippe Noguès, Hervé Pellois, François Rochebloine, Stéphane Saint-André


1. https://www.partijvoordedieren.nl/tweedekamer/moties/i/1735

2. Laurence Abeille, Députée du Val-de-Marne, André Chassaigne, Député du Puy-de-Dôme, Alain Fauconnier, Sénateur de l’Aveyron, François Grosdidier, Sénateur de Moselle, Joël Labbé, Sénateur du Morbihan, Chantal Jouanno, Sénatrice de Paris, Pierre Morel-A-L’Huissier, Député de la Lozère, Germinal Peiro, Député de la Dordogne, François Rochebloine, Député de la Loire



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