CONFÉDÉRATION PAYSANNE / 18-04-2013
Le 8 avril, le sénateur Europe Ecologie-Les Verts, Joël Labbé, a organisé un colloque sur le thème de l’agro-écologie, animé par la journaliste et réalisatrice Marie-Monique Robin. A la différence de la rencontre qui s’est déroulée au ministère de l’Agriculture en décembre, ce sont les dégâts, tant sociaux qu’environnementaux, provoqués par plusieurs décennies d’industrialisation de l’agriculture, qui ont été pointés du doigt.
Durant cette journée une quinzaine d’intervenant se sont succédé à la tribune pour expliquer comment dans leur domaine ils avaient expertisés des solutions à mettre en œuvre pour opérer cette transition écologique. Pour Olivier de Schutter, rapporteur spécial aux Nations Unies, on ne prend pas suffisamment en compte les externalités négatives de l’agro-industrie. Il préconise que celles-ci soient calculées de façon plus précise et intégrées dans les coûts de production. Pour lui, comme pour Marc Dufumier d’AgroParisTech, l’agro-écologie est une nouvelle manière de concevoir l’agriculture, permettant de réduire notre dépendance vis-à-vis des intrants. Et ce n’est pas de demi-mesure qu’il s’agit, mais de faire prendre un virage à 90 ° à toute notre agriculture. Les freins qu’ils repèrent à cette transition sont souvent d’ordre culturel, à savoir la croyance dans la seule voie de la modernisation et de l’industrialisation. Aussi préconisent-ils « une cure de désintoxication de nos champs, des paysans et des pouvoirs politiques ». Dans le même esprit, François Léger, enseignant chercheur à l’AgroParistech, estime qu’un programme de transition agro-écologique peut être conduit de la même manière qu’a été conduite la politique de modernisation de l’agriculture dans les années 60 avec une politique agricole cohérente.
La conclusion du colloque a été proposée par Philippe Baret, grand témoin de cette journée tout comme il l’avait été au ministère de l’Agriculture. Il a redit qu’il était nécessaire de réfléchir en comparaison, mettre les alternatives face à face, arrêter d’investir dans des trajectoires nocives, et rééquilibrer les soutiens vers des systèmes pertinent écologiquement.
Les discours et les interventions confortent globalement les revendications de la Confédération paysanne et son projet d’Agriculture paysanne. Ce colloque en présence d’organisations qui travaillent depuis longtemps sur l’agro-écologie, comme la Confédération paysanne, est d’autant plus nécessaire qu’il y a, comme pour l’agriculture durable ou autre thématique novatrice, un risque de récupération par l’agro-industrie et le syndicat majoritaire, dans une vaste opération de « green-washing ».
Marie-Noëlle Orain / Secrétaire générale de la Confédération paysanne