OUEST-FRANCE / 03-03-2013 – Par Édouard MARET
Un petit millier de personnes a marché, samedi, entre Concoret (Morbihan) et le site de Point Clos,sur le territoire communal de Gaël (Ille-et-Vilaine) pour dire non à une « méga décharge » en Brocéliande.
Reportage
Pas de slogan, en ce samedi après midi où le thermomètre flirte avec 3° C aux confins des deux territoires communaux. « Ce combat n’est ni de gauche ni de droite. C’est celui de l’environnement ! » Jean Guillouët, élu municipal à Gaël et membre de Sauvegarde en Brocéliande, marche dans le cortège chamarré. Il est vrai que nous sommes en Brocéliande… Raison de plus, d’ailleurs, hier, pour ces femmes, ces hommes et ces enfants de rappeler que « Brocéliande est en danger ». Danger, car le Smictom Centre Ouest, qui gère la collecte, le tri et le traitement des déchets ménagers dans 65 communes (entre 90 000 et 100 000 habitants) d’Ille-et-Vilaine, des Côtes-d’Armor et du Morbihan, projette la construction d’une usine de tri mécano biologique (TMB).
La foule angoisse
Cette usine doit permettre de trier les ordures ménagères. Objectif : réduire les volumes de déchets ultimes à enfouir en recyclant les ferrailles et la matière fermentescible. L’usine doit s’installer au Point Clos, à Gaël, sur un site de 6 ha déjà utilisé comme centre d’enfouissement, à quelques encablures de la forêt de Brocéliande. Le projet (15 millions d’euros), qui attend toujours le feu vert du préfet, réunit contre lui trois conseils municipaux : ceux de Gaël et de Muel, en Ille-et-Vilaine, et celui de Concoret. Cette opposition n’a pas de couleur politique, même si l’Union démocratique bretonne (UDB) ou Europe Écologie Les Verts (EELV) ont participé à la marche. Ainsi, René Louail, conseiller régional EELV affirme son credo en faveur « d’un combat qui est juste » et assure : « On va mener le combat jusqu’au bout. »
Même tonalité dans la foule où l’on angoisse autant pour le présent que pour l’avenir. Claude Josse, le maire de Gaël, craint les effets de la pollution engendrée par les quelque 300 000 tonnes de déchets enfouis dans la terre du Point Clos d’où émergent de petites cheminées bleues. C’est par là que s’échappent des gaz que les élus locaux et la population soupçonnent d’être à l’origine d’un taux anormal de cancers. « Dans la vallée des cancers, à l’Ouest de Gaël, à proximité du site d’enfouissement, on dénombre, déjà, en peu d’années, une cinquantaine de morts », affirme Claude Josse.
Alors Claude Josse, Marcel Minier, le maire de Muel, et Jean-Yves Bourien, celui de Concoret, demandent la dépollution du site, ainsi qu’une étude épidémiologique, et s’opposent au projet de l’usine. Une pétition circule depuis plusieurs mois. Elle a recueilli près de 30 000 signatures.
Marie-Hélène, 41 ans, habite à Gaël. Pour cette maman, ce projet est mortel : « On ne peut pas se permettre de faire cela. Pensons à nos enfants. » C’est aussi ce que pense Annick, 66 ans. Elle ajoute : « C’est dire non, une fois pour toutes, à Brocéliande. »
Mais, en ce samedi de mars, dans les rangs des marcheurs, si les conversations portent sur la condamnation du projet d’usine, elles alimentent également une question toute simple : comment imposer à l’Homme une réduction de la production de déchets ?