OUEST FRANCE – 25/05/2021
« Il est du devoir de la puissance publique de répondre [aux] attentes en donnant les moyens de cette transition ; et ainsi, d’assurer l’accessibilité à toute la population, même les plus modestes, à des produits de qualité, tout en rémunérant décemment les agriculteurs », selon Joël Labbé, sénateur du Morbihan.
La Politique Agricole Commune, actuellement en cours de négociation, avec plus de 9 milliards d’euros par an pour la France, sera éminemment structurante pour les années à venir.
La loi Climat et Résilience pourrait également représenter une opportunité pour mettre en œuvre la nécessaire transition, en généralisant les Projets Alimentaires Territoriaux, en fixant des objectifs de fourniture d’une alimentation locale et de qualité dans l’ensemble de la restauration collective, en agissant pour préserver les haies bocagères et les prairies permanentes, éléments constitutifs de la qualité de nos paysages, de la préservation de la biodiversité, de la filtration de l’eau et du stockage de carbone dans le sol.
Une proposition de loi sur le bien-être animal, mise en débat au Sénat le 26 mai prochain, vise à ajouter une pierre à cet édifice de la transition. Elle défend la nécessité de s’orienter vers des systèmes d’élevages déconcentrés, basés sur le plein air, vertueux pour le respect du bien-être animal comme celui des éleveurs, tout en préservant l’environnement.
Ce texte propose également de mailler le territoire d’abattoirs de proximité, afin de réduire le temps de transport des animaux, de faire vivre nos territoires et de relocaliser notre alimentation.
« A la hauteur de l’immensité des services environnementaux qu’elle apporte »
Aujourd’hui, nous sommes à un carrefour :
Poursuivre l’industrialisation des pratiques de l’agriculture dans une concurrence mondialisée, générant une baisse des emplois et des revenus agricoles, des tensions avec les citoyens, et des impacts majeurs sur le climat, sur la biodiversité et l’ensemble de l’environnement.
Ou bien, accompagner les agriculteurs en leur donnant les moyens d’assurer la transition agricole et alimentaire afin de répondre aux attentes sociétales et à l’urgence écologique.
Malheureusement, le Plan Stratégique National en cours d’élaboration en vue de la nouvelle PAC risque fort de nous entraîner dans la première voie. Elle prévoit notamment une baisse des aides pour l’agriculture biologique, avec en parallèle une augmentation des fonds pour la certification HVE (Haute Valeur Environnementale). Or, cette dernière certification peut être obtenue, pour nombre d’exploitations, sans réduire l’utilisation des pesticides, même les plus toxiques, sans faire pâturer les animaux, sans améliorer leur bien-être. La HVE est un véritable outil de greenwashing de notre agriculture sur lequel sont orientés massivement les fonds publics !
À titre d’exemple, la loi Climat et Résilience acte encore une fois, via la certification HVE, l’entrée des produits issus de l’élevage industriel dans la restauration collective.
Pendant ce temps, la demande pour des produits alimentaires locaux, de qualité et issus de l’agriculture biologique ne cesse de croître, et de plus en plus d’agriculteurs sont désireux de s’engager dans la voie de la transition. Il est du devoir de la puissance publique de répondre à leurs attentes en leur donnant les moyens de cette transition ; et ainsi, d’assurer l’accessibilité à toute la population, même les plus modestes, à des produits de qualité, tout en rémunérant décemment les agriculteurs.
L’agriculture paysanne liée au sol, aux saisons, aux territoires, respectueuse des hommes, des animaux et de la terre, génératrice d’emplois et de développement local, mérite d’être reconnue et soutenue à la hauteur de l’immensité des services environnementaux qu’elle apporte.