Le Télégramme

Joël Labbé, chef de file des anti-néonicotinoïdes

LE TÉLÉGRAMME – 27/10/2020

En tant que chef de file du groupe écologiste du Sénat, Joël Labbé, sénateur du Morbihan, va livrer bataille, ce mardi, pour que les pesticides néonicotinoïdes ne soient pas remis sur le marché.

Malgré la levée de boucliers des associations écologistes, les députés avaient validé le projet de loi autorisant la remise sur le marché des pesticides néonicotinoïdes. Non sans mal, des députés de la majorité ayant voté contre, notamment des Bretons.
C’est que le sujet est particulièrement clivant : les producteurs de betterave sucrière, dont les cultures sont décimées par la jaunisse, une maladie transmise par un puceron, réclament l’autorisation d’utiliser des pesticides néonicotinoïdes, seule solution connue à ce jour pour combattre le fléau. Or, ces produits ont été retirés du marché en 2018, après une décision votée en 2016. « Les néonicotinoïdes sont dangereux pour l’environnement, rappelle Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan. Seuls 20 % du produit sont absorbés par la plante. Le reste se diffuse dans le sol, où il imprègne les insectes, la flore microbienne, et finit ingéré par les oiseaux insectivores ».

« La catastrophe de la betterave sucrière a commencé à la fin des quotas. Le marché s’est retrouvé saturé (…) ».

« Il faut changer le modèle de notre agriculture »

C’est pourquoi, en tant que chef de file du tout nouveau groupe écologiste du Sénat, dont fait partie le Breton Daniel Salmon, Joël Labbé va tout mettre en œuvre pour faire barrage au projet de dérogation. Pour les douze sénateurs, il n’est pas question que les néonicotinoïdes reviennent sur le marché jusqu’en 2023.
« L’argument qui veut que ce délai permette de mettre au point une molécule moins nocive ne tient pas. Il faut changer le modèle de notre agriculture. La catastrophe de la betterave sucrière a commencé à la fin des quotas. Le marché s’est retrouvé saturé, ce qui a entraîné la chute du cours du sucre. Et donc une course à la productivité, avec une concurrence féroce de pays comme le Brésil. Dans le même temps, la France est en pénurie de sucre bio ».

Vers un scrutin public ?

Pour le sénateur du Morbihan, le projet de dérogation est une fuite en avant, qui contient un risque : « Si l’article 2 du texte, qui fait référence à la betterave, est supprimé, alors ça ouvrira la porte à d’autres filières ». Aussi, le groupe écologiste a fourbi ses armes en prévision du débat, ce mardi, au Sénat. « Nous allons poser une question préalable : les débats qui ont eu lieu dans le cadre de la loi votée en 2016 ont établi que les néonicotinoïdes sont dangereux, il n’est pas question de revenir dessus ».
Pour Joël Labbé, l’enjeu environnemental doit dépasser les clivages politiques : « Je veux interpeller les sénateurs bretons sur la responsabilité vis-à-vis de ce sujet. Une minorité défend ce modèle d’agriculture : qu’ils choisissent pour. Mais je sais qu’une majorité doute. Alors qu’ils votent l’abstention, afin que le texte ne passe pas ».
Et pour que chacun assume ses actes, le groupe écologiste va proposer que le scrutin soit rendu public : « Chacun doit assumer sa position. Il en va de notre responsabilité envers la jeune génération ».

Laisser un Commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

ouvrir