LE TÉLÉGRAMME – 06/07/2020
Le sénateur du Morbihan Joël Labbé revient sur les préconisations de la mission d’information sénatoriale sur empreinte environnementale du numérique.
Publier un rapport sur le numérique deux mois avant la vente des fréquences de la 5G aux opérateurs, n’est-ce pas un peu tard ?
Tout travail parlementaire demande du temps, alors que le déploiement de la 5G est une course : le gouvernement passe en force pour attribuer au plus vite les fréquences de la 5G. Alors même que la Convention citoyenne sur le climat a demandé un moratoire à ce sujet. À mon sens, avant de se précipiter vers la 5G, la priorité serait déjà de couvrir l’intégralité des territoires avec la 4G.
Sur un sujet aussi important que la 5G, n’aurait-il pas été judicieux de permettre aux citoyens de s’exprimer ?
J’aurais été partisan d’une consultation citoyenne, la 5G concerne tout le monde. Et ça aurait permis d’informer les citoyens sur les avantages et les inconvénients de cette technologie, pour que chacun choisisse en connaissance de cause. Par exemple, dans le domaine de l’agriculture connectée, la 5G promet beaucoup de choses. Mais restera inaccessible aux agriculteurs les plus modestes, ce qui renforcera la fracture numérique.
La crise sanitaire a été l’occasion d’imaginer le « monde d’après ». Le rapport des sénateurs, qui prône la « sobriété numérique », s’y inscrit ?
D’une certaine manière. En tout cas, la course à la 5G du gouvernement ne fait pas partie du « monde d’après ». Notre société sait créer des besoins et les rendre indispensables par la suite. Mais une partie de plus en plus importante de la population ne veut plus aller dans ce sens. Les objets connectés, le numérique illimité… Ce n’est pas le progrès si ça augmente notre empreinte carbone. Le véritable progrès prendra en compte la sobriété.