OUEST-FRANCE – 25/10/2019 – Par
Des alternatives aux pesticides sont testées dans de nombreuses villes et par la SNCF. Un colloque se penche sur les derniers espaces qui échappent à la Loi Labbé, au Sénat, aujourd’hui.
Depuis 2017, la loi du sénateur du Morbihan Joël Labbé interdit l’usage des pesticides dans les espaces publics et, depuis le 1er janvier, dans les jardins des particuliers. Le glyphosate, lui, sauf retournement de situation, devrait être banni de l’Union européenne après 2022. En France, comme dans toute l’Europe, des alternatives à l’usage aux produits phytosanitaires de synthèse sont en cours d’expérimentation.
Lanrenan, la fierté des habitants
À Laurenan, bourg de 750 habitants dans les Côtes-d’Armor, on s’en passe depuis « huit ans, calcule la maire Valérie Poilane-Tabart. On a tâtonné pour trouver des alternatives, maintenant on est rodé ! » Des vivaces, moins gourmandes en eau et en entretien, ont remplacé les plantes annuelles. Davantage de graviers entrave la pousse des adventices, ces prétendues mauvaises herbes.
La commune bretonne a reçu le 2e prix national Zéro Phyto. Il fait « la fierté des habitants » qui ont accepté un plan global, élaboré pendant deux ans en conseil municipal, et régulièrement amendé. Des citoyens viennent bénévolement désherber, à la main. Madame la maire prévoit toujours un petit café, au cours de la séance.
Tout est parti de la volonté du maire et de la santé de l’agente communale, malade après avoir manipulé des pesticides, devait fermer l’accès aux tombes pendant 48 heures, après pulvérisation. Autour du bourg, au moins quatre exploitations agricoles ont réussi leur conversion au bio. Des paysans retraités
La capitale bretonne, Rennes, n’a pas attendu la Loi Labbé pour agir non plus. Les terrains de sport et les cimetières sont passés au vert en 2012. La collectivité a dû faire un peu de « sensibilisation. Au début, on recevait énormément de courriers nous reprochant d’avoir des cimetières sales, se souvient Daniel Guillotin, conseiller municipal délégué à l’écologie urbaine. Pourtant, dans les années 1970, des gens payaient pour pouvoir y couper les hautes herbes et récupérer du foin pour leurs poules et lapins. »
Les derniers espaces dans les villes
L’hygiénisme des années 1980-1990 a déroulé ses lots de bitume et de pesticides… Aujourd’hui, Rennes plante du thym, désenherbe à l’électrique ou au thermique, et vise le tout naturel d’ici à cinq ans et recense les derniers espaces privés qui échappent encore à la Loi Labbé : « Les terrains d’entreprises, les copropriétés privées, le stade Roazhon Park, des champs, les terrains de l’armée et de la SNCF… », détaille l’élu rennais.
Et si on ne devait retenir qu’une chose du #ColloqueNoéLabbé2019 qui se tenait avec @JLabbeSenat au Palais du Luxembourg ? « La santé humaine, la protection de la biodiversité sont 2 enjeux liés à l’interdiction totale des phytosanitaires. Ce n’est pas négociable, on doit avancer » pic.twitter.com/NAtetJu3Uz
— Noé (@NoeBiodiversite) October 25, 2019
Un colloque de la Loi Labbé se déroule aujourd’hui au Sénat à propos de ces derniers espaces. « Le but c’est de les intégrer progressivement à la loi et d’envisager un calendrier pour les cas les plus problématiques », explique le sénateur du Morbihan. C’est le cas des grands stades internationaux, où l’on ne sait pas encore comment conserver un beau gazon sans fongicides. Pourtant, là aussi des initiatives se mettent en place. À Lille, par exemple, des ventilateurs assèchent déjà la pelouse. L’usage des pesticides a déjà été divisé par deux selon notre confrère de l’Équipe.
La SNCF renonce à la végétation zéro
Avec la SNCF, qui était en 2018 le plus gros consommateur de glyphosate de la France, les négociations devraient aller vite. « Nous n’en utilisons plus dans les villes, assure Dominique Jadot, chef du Programme Post-Glyphosate de la SNCF. Et pour les grandes voies, nous testons de nouveaux trains qui pulvériseront de nouveaux produits dits de bioncontrôle par détection de la végétation. »
[La SNCF a utilisé une méthode de semis par projection hydraulique, les 21 et 22 octobre, dans le Jura. Seize mélanges de graines différents sont testées pour remplacer une végétation subie.]
La SNCF a utilisé une méthode de semis par projection hydraulique, les 21 et 22 octobre, dans le Jura. Seize mélanges de graines différents sont testées pour remplacer une végétation subie. | DR/SNCF
Sur les petites voies (-30 km/h) et les autres territoires appartenant à la SNCF d’autres tests sont aussi en cours. À Dijon, le réseau ferré teste l’éco-paturage depuis 2015 et « les moutons sur nos terrains (hors voies) remportent un franc succès, en plus d’être efficaces », assure l’ingénieure Caroline Dechaume-Moncharmont, une ancienne d’Agro-Rennes.
Mardi, dans le Jura, la SNCF a testé une autre alternative : la végétation choisie. L’objectif est de trouver des variétés rases et couvrantes sur de petites voies, qui ne mettent pas à mal la priorité n° 1 : la sécurité. « Nous travaillons main dans la main avec les Chemins de fer suisses, avec qui nous partageons, nous ensemencements de nouveaux mélanges de graines », détaille le chef du Programme Post-Glyphosate.