AFP – 14/10/2016
Le gouvernement souhaite fixer « une limite maximale globale » pour la dose de pesticides autorisée dans les aliments, alors qu’il n’existe aujourd’hui que des seuils substance par substance, a annoncé jeudi la ministre de la Santé Marisol Touraine.
« Nous avons décidé, avec Stéphane Le Foll et Ségolène Royal, de saisir l’Anses (l’agence publique chargée de la sécurité alimentaire, NDLR) afin de lui demander de nous proposer des critères pour mettre en place une limite maximale globale pour tous les pesticides présents dans l’alimentation, comme ce qui est fait aujourd’hui pour l’eau », a déclaré Mme Touraine lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat.
La ministre était interrogée par le sénateur du Morbihan Joël Labbé (EELV), après la publication mardi par l’ONG Générations Futures d’une étude pointant la présence de résidus de pesticides, dont des perturbateurs endocriniens, dans des marques de mueslis aux fruits.
La réglementation actuelle, avec « des limites différentes pour chaque substance », ne tient « aucun compte de l’effet cocktail » et permet de « multiplier les substances », déplorait le sénateur.
Un réglement européen fixe depuis 2008 au niveau de toute l’Union des « limites maximales de résidus » (LMR), soit les niveaux maximaux de concentration de résidus de pesticides autorisés légalement dans les denrées alimentaires et les aliments pour animaux.
Mme Touraine a par ailleurs estimé que la définition des perturbateurs endocriniens proposée en juin par la Commission européenne n’était « pas satisfaisante », car « trop restrictive ».
« J’ai reçu il y a quelques jours à Paris le commissaire européen à la Santé (le lituanien Vytenis Andriukaitis, NDLR) et je lui ai indiqué (…) que nous souhaitions que la définition adoptée à Bruxelles aille plus loin que ce qui était actuellement envisagé », a-t-elle affirmé.
Le projet de définition, qui qualifie de perturbateur endocrinien toute substance ayant des effets indésirables sur le système hormonal, requiert des « preuves scientifiques pertinentes » établissant le lien entre le produit incriminé et les effets observés. Il a été accueilli par un tollé du côté des défenseurs de l’environnement qui l’accusent de bafouer le principe de précaution en exigeant un niveau de preuve trop difficile à atteindre.
Fin juillet, l’Anses a proposé de classer les perturbateurs endocriniens en trois catégories – « avérés », « présumés », « suspectés » – pour « mieux prendre en compte les incertitudes » concernant ces substances.
De nombreuses études ont montré que les perturbateurs endocriniens diminuent la fertilité humaine. Ils sont aussi soupçonnés d’affecter le système immunitaire et la fonction respiratoire chez l’enfant, et de favoriser le diabète.