Un documentaire de Jean-Jacques Rault
2015 • 59’/52′
Fils de paysan, les convictions chevillées au corps, portant toujours cheveux longs, bagues et boucle d’oreille, Joël Labbé est un sénateur qui ne ressemble à aucun autre. Gêné dans ses nouvelles fonctions par sa prise de parole et la gestion de ses émotions, il s’engage dans un travail avec une comédienne. Au fil de ces séances et de sa vie parlementaire, le film trace un portrait personnel et intimiste d’un homme qui « va vers son risque. »
Entretien avec Jean-Jacques Rault
Par Yves Mimaut
Comment est née cette idée de film sur Joël Labbé ?
J’ai découvert Joël par un article de Libération. Le personnage m’a tout de suite séduit, avec son look de rockeur, ses bagouzes aux doigts et ses cheveux mi-longs. Il semblait avoir des convictions ancrées au corps, ne pas être dans la posture. J’ai rencontré cet homme accessible, qui incarnait une idée de la politique qui me plaisait. Joël avait une proximité avec ses électeurs, ce n’est pas un homme lisse, mais au contraire, c’est quelqu’un avec qui l’on est en prise. Il est aussi intéressant d’un point de vue dramaturgique, car il y a un décalage entre l’image qu’il renvoie et sa fonction de sénateur, ou du moins avec l’idée qu’on se fait d’un sénateur.
Et puis l’idée de filmer ce sénateur atypique faire de la politique s’est avérée infructueuse ?
Oui, cet homme a une fêlure à l’endroit de la parole, l’outil même de la politique. Il peut être en difficulté face à ses émotions, ne pas toujours maîtriser son souffle, tenir la note. Joël Labbé a été conseiller municipal, maire, élu au conseil général, et maintenant sénateur, il est authentique et engagé, mais quelque chose lui fait défaut: il est un orateur fragile. Dans un documentaire, la parole des protagonistes aide à ponctuer le récit, à lui donner du rythme. C’était différent avec Joël Labbé, et mon film tel que je l’avais pensé au départ risquait de souffrir des même maux que le sénateur. Il fallait donc trouver autre chose pour mettre en lumière la part de héros de mon personnage.
Tu as donc repensé entièrement ton projet…
Pas entièrement, mais j’ai proposé à Joël de nous concentrer presque exclusivement sur sa fragilité, d’en faire d’une certaine manière sa force ainsi que celle de mon film.
De quelle manière ?
Nous avons décidé d’introduire un adjuvant : une professionnelle de la parole, qui allait aider Joël à maîtriser la sienne. Nous ne voulions pas d’une « coach », qui aurait cherché à rendre le sénateur plus conforme. Nous voulions une comédienne, qui irait chercher en Joël Labbé cette voix qui lui faisait défaut. Joël, qui avait déjà songé à se faire aider, a accepté. Il m’a gratifié d’une grande confiance. Pendant une grande partie du film, il allait se retrouver dans une salle de théâtre vide, avec une comédienne l’entraînant durement, pointant chaque fausse note…
Pourquoi une femme ?
Pour le contraste, pour que les deux personnages se distinguent bien l’un de l’autre, visuellement, dans les sonorités… Mais il ne faut pas y voir un couple ou un duo, c’est Joël qui m’intéressait, il fallait qu’il reste au centre. D’ailleurs, parmi les comédiennes que nous avons rencontrées, Sabrina Delarue s’est distinguée par son souci de ne pas dénaturer le sénateur, elle voulait préserver sa sensibilité, partir de lui.
Pourquoi un décor de théâtre vide ?
Le décor vide et silencieux du théâtre marque un contraste avec le Sénat. Et puis il y avait l’écho entre la scène politique et la scène de théâtre. Enfin, c’est un lieu impersonnel – Joël Labbé s’expose dans le film, mais il s’agit toujours d’un travail scénique, pas de son intimité. Nous ne sommes pas dans le voyeurisme, mais dans une forme de combat sur soi-même qui n’est jamais détachée du combat politique.
…………………
Ce documentaire a été diffusé régulièrement jusqu’au 4 juillet sur les sites internet des 3 chaînes locales de Bretagne et disponible en Au risque d’être soi.
Ce documentaire est sélectionné comme coup de cœur de la coordination régionale pour l’événement « Le Mois du film documentaire ».
Il fait partie de la sélection Grand Cru Bretagne 2015 (proposée par l’association Daoulagad Breizh) du Festival du Cinéma de Douarnenez du 21 au 29/08/2015.
Une coproduction .Mille et Une. Films, AGM Factory et TVR – Tébéo – TébéSud.
Avec le soutien de la Région Bretagne et du Département des Côtes d’Armor, et la participation du Centre National du Cinéma et de l’image animée.
© .Mille et Une. Films / AGM Factory / Tébéo, TébéSud, TVR – 2015
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Un film de
Jean-Jacques Rault
Écrit par
Jean-Jacques Rault
Gaëlle Douël
Image
Guillaume Kozakiewiez
Son
Corinne Gigon
Graciela Barrault
Montage
Marie-Pomme Carteret
Musique originale
Etienne Cabaret
DANS LA PRESSE
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Ce doc est un bijou, acteurs / textes / photo / montage, j’ai adoré.
Merci
C’est magnifique de sincérité, d’authenticité, de courage et de convictions. Une merveille ! Un « politique » (pardon Monsieur LABBE) comme on aimerait en voir plus souvent. Merci d’avoir partagé ce moment avec nous.
Merci pour ce beau partage… d une authenticite qui fait du bien.