A la suite de son entrevue avec la FNSEA et les JA, consécutive au nouveau coup de force des agriculteurs hier à Rennes, le Premier Ministre Manuel Valls a fait un certain nombre d’annonces censées régler la crise agricole qui persiste depuis plusieurs semaines.
Parmi les annonces, une mesure est passée presque inaperçue : celle du relèvement des seuils du régime d’autorisation pour les installations classées (ICPE), qui vont être portés à 400 pour les vaches laitières et à 800 pour les bovins. Que l’on ne s’y trompe pas, cette fausse mesure constitue assurément une aberration en pleine crise de surproduction ! Sans parler des dommages collatéraux…
Sur le plan environnemental, la concentration des élevages tourne définitivement le dos aux systèmes les plus économes et vertueux, promus par la loi d’avenir agricole, avec un recours accru aux énergies fossiles, à l’approvisionnement extérieur en protéines végétales, aux épandages… Sur le plan économique, ces fermes usines sont tournées vers d’hypothétiques marchés à l’exportation, avec une production à faible valeur-ajoutée, qui profitera avant tout aux ténors de l’agrobusiness, alors que l’heure est plus que jamais à la relocalisation de notre alimentation. Enfin, sur le plan social, des mesures telles que celle-ci tire un trait sur l’agriculture paysanne, puisqu’à terme, elle élimine les petits paysans.
Monsieur Valls, si vous voulez tuer l’agriculture paysanne et familiale, vous ne vous y prendriez pas autrement ! Nous dénonçons fortement cette mesure qui n’est en rien une solution pour les éleveurs face à la crise, bien au contraire. D’autres solutions existent, avec notamment l’abandon des marchés à l’export et un travail sur la qualité des produits, pour une meilleure commercialisation sur le marché local.
Joël Labbé, sénateur EELV du Morbihan
René Louail, ancien Président du groupe EELV au Conseil régional de Bretagne
Yannick Jadot, eurodéputé EELV